Drame, coécrit et réalisé par Pierre Granier-Deferre, La Horse est un film impactant. L'histoire se déroule en Normandie et nous fait suivre Auguste Maroilleur, un propriétaire de corps de ferme vivant sur ses terres avec sa famille qu'il dirige d'une main de fer. Un jour, Bien-Phu, un employé de l'exploitation, découvre dans le cabanon du terrain de chasse de la ferme un paquet d'héroïne. Il en parle alors à son patron qui va comprendre que la marchandise est destinée à son petit-fils, mais il va la détruire. Seulement, les chefs du gang vont venir l'intimider pour récupérer la came et retrouver le petit-fils, mais le vieil homme n'est pas du genre à se laisser marcher sur les pieds et va sévèrement riposter. Ce scénario, adapté du roman du même nom de Michel Lambesc, nous plonge pendant un peu moins d'une heure et demie dans une affaire de vengeance montant crescendo vers un point de non-retour. En effet, plus les minutes défilent et plus l'intrigue gagne en intensité dans cette confrontation entre deux milieux bien différents. Ce face à face donne lieu à des scènes de représailles brutales car la victime compte bien se faire justice elle-même et se retourner contre ses agresseurs. Le reste du temps l'ambiance se veut froide et silencieuse, à l'image de cette famille ou règne l'omertà. Un clan sous l'autorité d'un patriarche austère mais protecteur, merveilleusement interprété par un Jean Gabin au visage sévère. Il est entouré par André Weber, Marc Porel, Éléonore Hirt, Christian Barbier, Danièle Ajoret, Michel Barbey et Orlane Paquin pour les proches composant cette famille soudée taiseuse. Le reste de la distribution comporte des comédiens jouant les antagonistes et les forces de l'ordre. Tous ces individus entretiennent des rapports conflictuels et tendus, soutenus par des dialogues incisifs, en particulier lorsqu'ils sortent de la bouche du maître de maison qui balance des répliques aussi dictatoriales que lapidaires et qui ne parle que lorsque nécessaire. Sur la forme, la réalisation du cinéaste français s'avère de qualité. Sa mise en scène comporte de la narration visuelle et ses plans sont soigneusement cadrés. L'environnement rural coupé du reste du monde est lui bien exploité et sert le propos. Ce visuel est malheureusement accompagné par une b.o. complètement à côté de la plaque cosignée par Serge Gainsbourg et Michel Colombier. Leurs compositions légères ne sont vraiment pas en accord avec le ton et sont peu nombreuses ce qui fait qu'on entend toujours les mêmes notes désagréables en boucle. Et celles-ci deviennent vraiment de plus en plus pénibles à la longue. Ce choix est vraiment curieux et assurément mauvais. Il aurait fallu des airs beaucoup plus graves pour coller à l'action. Reste une fin correcte, venant mettre un terme à La Horse, qui, en conclusion, est un film efficace méritant d'être visionné.