Des son générique, le film emballe sur un direct, un de ses touts droits qui fille à l'image de ses dessins, évocateurs, c'est peu de le dire, vers une une forme de dissidence à l'encontre d'un ordre, d'un état, d'une convenance morale ou celle-ci n'est d'ailleurs que posture ! Une première scène, va de suite étayer la direction de ce jeune cinéaste, à l'avenir si incroyable !
Pedro Almodovar embrasse ses désirs, ses évocations de ce gout qui suinte vers des tons et teintes flashy, tape à l'œil, dans l'excès selon une tenue dite " approprié ". La musique et les couleurs de son ouverture se cale donc sur cette mesure, qu'il bat dans un style et une cadence à contre courant avec une gravité de situation, lui décide de rire, de partagé ce dernier, pourtant, il y'a une rébellion, forte et heureuse ...
La prostitution évoquée, la drogue entrevue, le pied de nez se confronte déjà, de force, à un rapport d'autorité, à une possession non désirée par ce même représentant, qui pour ce dernier, consomme ce qu'il déplore dans une contradiction qui sera mis à mal tout au long du film. L'hypocrisie est une chose, la violence une autre, Almodovar, comme je l'ai déjà mentionné plus haut va de cela entamé une autre remarque que la victimisation. Il, ceci est important, réunis une bande destroy, avec à sa tête Pepi, personnage ayans subit les foudres injustes et inqualifiables du pouvoir pour ériger une course en plusieurs actes vers la vengeance mérité de ce dignitaire monstrueux. Une revanche manquée, dans un premier temps, plus farceuse ensuite, enfin plus élaboré à compte goutte. Le tricot, encore une sacrée figure de style, sert de bascule, avec en point d'orgue, ce passage, ou Luci, après confession, prend gout à une autre passion que celle initiale l'ayans conduite dans cet appartement ...
L'humiliation, l'indignité et autres soumissions sont mis cote à cote d'une libération du patriarcat, d'une émancipation face à l'interdit telle une aventure ou la jeunesse fait fit des convenances, des attentes de tiers, afin de réécrire, au présent, une nouvelle ligne directrice de leurs conduites. Une liberté qui se regarde grandir, qui deviens franchement assez fascinante, sans pourtant partagé son déni de morale absolu ... Le joug étant, à bien des égards, forme d'ennui, la stimule dynamique et furieuse de la débauche d'énergie qui suit fait battre le rythme de ce premier film, un poil punk et anticonformiste y compris dans le rendu, de par l'image, dans le décors en somme, selon la vue folle d'un Pedro Almodovar déjà bien inspiré.
La différence dans la marge, à même une contre-culture, à des mentions d'éloges de l'instant à vivre, hors du temps, qui sort des 80's et viens plus de quarante ans plus tard faire un écho avec une " défiance " similaire, dans un contexte qui se cadenasse à nouveau. Le festival de la plus grande, de la plus longue, est à titre comparatif une solution ? Peut-être pas, mais pour revenir au film, la blague continue.
Pedro Almodovar réalise une conduite assez intense dans la manière qu'il a de fabriqué un tel artifice. Il choisit le criard, l'exubérance, le spot comme référence et fustige encore par divagation une linéarité qui s'y accole, mais qu'il chasse par peur de si perdre. Il caracole dans sa découverte à tendre vers une pris de conscience conscientisé des protagonistes de la nature qui est la leurs, dans un jugement, avec valeur, mais sans rien condamné pour autant ... Une fois de plus, à être goguenard, il accroit l'attache de ses derniers, à l'instant, au moment, au lien qui les rattachent. Remarque à moi-même, c'est par ce biais que je me suis vraiment épris de ces personnages, de ses femmes surtout.
L'inversion de la vengeance, de ce même policier, horrible male alpha, qui s'en rêve plus qu'il ne l'est tiens dans le chassé-croisé qui s'opère une torpeur, et une victoire, sans - trop - de peine, à la force du poignet une autre idée de l'acceptation d'une condition qui dans l'habitude et l'inscription d'un mal résume une chose dont on se détache pour mieux en retenir se rire, sur ce pont, entre ses deux copines, qui parlent enfin d'avenir.
Avant d'aller vers ce final, incroyablement beau de surcroit, car oui j'insiste, Olvido Gara et Carmen Maura sont d'office dans ma mémoire, j'irai une nouvelle fois sur le terrain du " Pouvoir ". Du terme, comme du verbe. Pepi, moteur de la bande transforme et façonne, à sa guise des destins, le sien, comme celui d'autres, dans une liberté folle et majestueuse. Elle qui confronte, assume, échange, tisse la toile de ce lien qui réunis ce quartier qui communie par sa grâce momentanée. Le pont, mais aussi la cuisine, de cet instant nocturne qu'elle partage avec Bom à faire la popotte croise plus qu'une illusion d'un rêve, elle est une croisade ou les accords sont définis selon leurs envies, leurs gouts, bons ou pas, dans une conviction qui prête à sourire, sans impôts !
L'extravagance fait ici germée des moyens de lutte, de croisement entre désabusées joyeux, qui traite par la comédie des impulsions à la pulsion, de vie, d'existence, dans une ardeur fervente, proche de l'extase, aussi cracra soit-elle ... Sérieux, la douche dorée me reste quand même un peu rebutante, la galette du concert également !
Pedro Almodovar, avec ampleur et ambition écrit un manifeste qui sous nos yeux fait tombé l'échelle et tente de gravir les étages à mains nues, quitte à tout perdre, le geste est forcément sublime !