Romasanta est un film divertissant et vraiment plaisant à suivre. Comme beaucoup de métrages espagnols de son genre, c’est avant tout du point de vue visuel qu’il s’en sort le mieux. C’est, une fois n’est pas coutume, par là que je vais commencer ma critique. Paco Plaza fait un travail de mise en scène très soigné, suivant avec une certaine lenteur, mais une recherche de cadrage et de plan appuyée, l’action. C’est très propre, et je n’ai là-dessus pas grand-chose à redire. La photographie est classique du cinéma espagnol, mais s’avère très belle, très élégante, avec de magnifiques contrastes de couleurs. C’est froid mais jamais cru, et l’ambiance est prenante. Les décors et la reconstitution de façon générale sont très justes. Il n’y a pas d’accessoires ou de costumes qui font toc, et ce coin de campagne espagnole est ma foi très agréable. Il y a quelques belles plages musicales, mais pas de thèmes forts.
A noter que Romasanta n’est pas vraiment horrifique, mais les quelques effets visuels qu’il propose sont agréables. Une scène assez surprenante (et au final elle était dispensable) nous rappellera qu’il y a notamment Yuzna à la production.
Maintenant je passe aux acteurs et au scénario. Les acteurs sont un peu le point faible du film. Elsa Patacky, pas terrible au début gagne heureusement en intensité et en justesse au fur et à mesure que Romasanta avance. Elle est très convaincante sur la fin. Julian Sands par contre manque clairement de présence. Assez fade, un peu apathique, il ne s’investit pas pleinement dans son rôle et semble toujours trop détaché (même lorsqu’il masse Patacky dans son bain !). Je note par contre quelques seconds rôles très justes, comme celui du professeur par exemple.
Niveau scénario, Romasanta a le mérite d’apporter un peu de sang neuf au mythe du loup-garou en l’abordant sous un angle clinique plutôt que fantastique. C’est un choix tout à fait défendable, et Plaza le tient bien (malgré une ou deux scènes qui auraient justement pu être dispensables, dont celle que je mentionnais ci-avant). Bien mené, l’histoire est un peu lente par moment, mais c’est dans la veine hispanique (Les Autres, Shiver… étant dans la même cadence). Elle démarre néanmoins assez vite, et s’avère très bien graduée avec une fin beaucoup plus paroxystique qui conclue intelligemment le métrage.
Dans l’ensemble Romasanta est un film que je conseille, car il s’avère tout à fait plaisant. Sans esbroufe, Plaza livre une bande solide, belle sur la forme, intelligente sur le fond. Il y a des défauts, c’est certain, mais c’est très correct. Il mérite un petit détour (d’autant qu’il réactualise une histoire vraie plus vue sur écran depuis 1968 si je ne m’abuse).