Oh David, qu’as-tu donc osé me faire… Que t’est-il arrivé ? Que t’ont-ils fait, David ? Toi, mon idole, mon maître, qui m’a fait ressentir des choses comme nul autre au cinéma, comment as-tu pu en arriver là ? Tu jouais avec mes certitudes pour mieux les mettre à mal, redéfinissais à chaque plan la vision que je me faisais du cinéma, et n’avais de cesse de me surprendre et de me transporter dans chacun de tes films. Et voilà que tu te prends les pieds dans le tapis. Pourquoi, David ? Ton histoire de méditation transcendantale t’a-t-elle bousillé le cerveau ? Tes incroyables succès te sont-ils montés à la tête ? Il est clair que tu es un génie qui vit dans son propre univers, a sa propre vision des choses, mais je ne te pensais pas capable de ça… 2h51 sans la moindre émotion, la moindre peur, la moindre tension. Une suite d’images sans queue ni tête, qui n’ont aucune signification ni aucune beauté, et qui se suffisent à elles-mêmes. Tu as sacrifié la splendeur de tes images sur l’autel de la DV, particulièrement hideuse. Tu as laissé tomber la puissance et le charme de tes actrices passées, au profit d’une Laura Dern ô combien fade. Tu avais un don pour troubler nos repères habituels pour mieux nous balader, et on t’a tellement encensé pour ça que tu as cru bon de faire un film qui n’aurait strictement aucun sens. Mais ce n’est pas ça qui faisait la force de Lost Highway ou Mulholland Drive, David. Ces deux films racontaient une histoire, nous parlaient. Tout le contraire d’Inland Empire. Ce n’est qu’un ramassis de scènes sans saveur et sans lien mises bout à bout, et terriblement ennuyeux à regarder. Evidemment on retrouve la maestria de ta mise en scène par moments, et tout n’est pas à jeter, mais il faut être franc ; de film, Inland Empire n’en est pas un. Beaucoup prétendent que ce serait ton dernier long-métrage. Tu ne sais pas à quel point je souhaite que ta sortie soit beaucoup mieux soignée que ça. Mais à la vue de tes faits récents, et de la direction que semble prendre ta vie, j’ai peur que tu ne puisses retrouver ta flamme d’antan et n’aggraves encore plus ton cas. Et ça je ne le désire pas, David. Car bien que tu aies pété les plombs, tu m’as tant apporté que je ne peux te lâcher. Rendez-moi David Lynch !