Dernier long-métrage en date du grand David Lynch, Inland Empire est-il dans la lignée du chef-d'oeuvre Mulholland Drive ? Pas si sûr.
Comme quasiment toujours chez Lynch, il nous est impossible de résumer l'intrigue, si tant est qu'il y en ait une, sans déjà se lancer dans des théories et autres interprétations. Même le synopsis s'y résigne, puisqu'il ne nous donne pour information que cette brève phrase : "Nous voici plongés dans une histoire de mystère, l'énigme d'un monde au coeur des mondes, le secret d'une femme en proie à l'amour et aux tourments." Comme toujours chez Lynch également, l'ambiance est oppressante, étrange, éprouvante, envoûtante et met le spectateur terriblement mal à l'aise. La mise en scène, en revanche, a quelque chose de très particulier et de très atypique, même pour Lynch. Il s'agit d'un croisement entre le DV, l'expérimental, le documentaire et le film amateur et on peux dire que le résultat est assez intéressant.
Inland Empire c'est avant tout une histoire, un peu brouillonne il faut bien l'avouer, où la fiction rejoint la réalité et où l'on arrive plus réellement à délimiter où s'arrête l'un et où l'autre commence. Là-dedans, Lynch questionne énormément le temps et l'espace et nous fera perdre, par la même occasion, toute notion de ces deux dernières en mêlant vicieusement hier, aujourd'hui et demain. Inland Empire c'est aussi, bien entendu, une oeuvre aux 1 001 interprétations, aux 10 001 évocations, aux 100 001 questions et aux images uniques, questionnant le spectateur au plus profond de son être. Car, en effet, comment résoudre un mystère, quand ce mystère reste lui aussi un mystère à part entière ? Pour la première fois, on a l'impression que Lynch ne nous donne aucune clef pour comprendre les déboires, la folie et la descente aux Enfers du personnage principal. Le tout est donc encore plus difficile d'accès qu'habituellement.
En conclusion, Inland Empire est sans doute l'oeuvre la plus expérimentale et le plus décousue de David Lynch, mais certainement pas le moins efficace. Inland Empire, c'est un trip tortueux et effrayant, un labyrinthe cauchemardesque. Inland Empire, c'est un très long-métrage, de près de trois heures, qui nous vide totalement.