« Si aujourdhui était demain, on ne se souviendrait pas
»
Un jour gris dhiver dans un vieil hôtel
on ne reconnaît plus le couloir, on a égaré la clé
on la retrouve et on entre, mais la chambre a un peu changé, cest un peu comme si on était entré dans la chambre dà côté
arrivent des images de lenfance que lon puise dans un téléviseur éteint, des images du passé, des musiques et des souvenirs dune autre mémoire, dune autre histoire qui nous enfonce dans les rêves de quelquun, des fantasmes forcément secrets, forcément flous, que David Lynch ose nous montrer : embrumés de mystère, des tableaux simposent, des visages se dessinent puis seffacent
Il suffit de pousser la porte et de se laisser conduire, porter au de-là, pour se trouver comme dans un reflet du monde, comme le ciel dans une flaque : mouvant, changeant, pas tout à fait pareil, pas tout à fait réel, mais ou on raconte aussi des histoires
On explore sans méthode la vie dune actrice qui subit des interférences : un scénario présent, un scénario au passé maudit, sa vraie vie présente, sa vie passée et celles des personnages quelle joue, des personnages quelle vit
les passerelles ne sont pas toujours bien nettes et se superposent, les scénarios peuvent sortir deux-mêmes pour construire autre chose, entraînant les personnages qui peuvent alors se regarder, acteurs deux-mêmes, dans des mises en abyme vertigineuses
Cinéma schizophrène portant des regards multiples, attentifs et attentionnés sur les femmes, portant des regards sans concessions sur les hommes et leurs comportements, montrant lenfermement de la vie qui narrive pas à se libérer des rêves et qui nous mène « là-haut, dans les lendemains bleus »
Invitation dans un long voyage dexploration extraordinaire à laquelle on nest pas obligé de répondre, mais quil serait dommage de refuser : David Lynch est un des rares cinéastes à nous ouvrir de telles portes
Osez les pousser !