Certaines personnes pensent que Mulholland Drive, Fire Walk With Me et Lost Highway sont des films incompréhensibles, avec des allers et retours dans l’esprit barré des personnages, miroirs de David Lynch.
Ces personnes n’aimeront pas INLAND EMPIRE (toujours en lettres capitales selon David Lynch) et on ne peut décemment pas leur en vouloir. En effet, INLAND EMPIRE est le film somme de David Lynch, le point culminant de sa carrière. Ce n’est pas son meilleur film, loin de là, mais c’est sans doute celui qui rassemble tout ce qui fait vibrer le cinéaste du Missouri. En effet, on y retrouve tout, que ce soit dans la création et la production du film, où Lynch n’avait ni de script, ni l’envie réelle de faire un long-métrage dès le départ. Il pioche dans ses courts (Rabbits) et y incorpore une double intrigue franchement incompréhensible de tueur de prostituées polonaises dans les années 30 et sur le tournage d’un film de nos jours qui ne mène à rien et qui crée pourtant du sens au bout des trois heures, grâce à l’habituelle (fausse) résolution d’une demi-heure qui permet au film de faire comprendre son but aux spectateurs initiés.
La séquence finale pourrait clore la carrière de David Lynch tant elle représente sa carrière, avec le singe de Fire Walk With Me, Laura Harring de Mulholland Drive et un bûcheron tout droit sorti de Twin Peaks et de la Log Lady. Le tout est réalisé en vidéo, avec une image aussi sale qu’extrêmement convaincante, cohérente et dérangeante (la séquence avec les prostituées dans Los Angeles est traumatisante, celle du Phantom simplement horrifiante). David Lynch est son propre directeur de photographie pour la première fois dans sa carrière de longs-métrage et ça se voit. Quant aux acteurs, ils sont comme d’habitude tous parfaits, Laura Dern et Justin Theroux bien sûr, mais aussi les acteurs qui ne sont là que pour trois plans, une séquence, même muette, comme Terry Crews, Laura Harring et Nae.
INLAND EMPIRE, c’est du David Lynch pur jus, l’essence même de ses films dont il a épuré les intrigues parfois superficielles (les films de cul dans Lost Highway, par exemple). C’est son film le plus important.