Certes, je reconnais l'intérêt des 25 premières minutes (la lumière, le cadrage DV, les métaphores émergentes, la vieille folle flippante et ses prémonitions, drôle - plus quelques autres têtes bien choisies!), mais au-delà? Eh bien c'est la bérézina intersidérale! D. Lynch fait le choix - faute d'un scénario assez puissant en lui-même?- d'une mise en abîme, en intégrant le tournage d'un film bateau dans son propre film. Laura Dern joue l'actrice (Nikki Grace) qui joue l'actrice (Susan Blue) qui joue(!) un rôle ringard-naze (de même que le titre): une femme qui se fait draguer, est victime de la trahison de son mec, de violence conjuguale, de la jalousie, du rejet, de la vengeance. Paumée, elle se confie à un psy, tombe en déchéance. Elle vire la confiance au doute, de la maîtrise de soi à l'angoisse, de la haine à l'abandon. Emprunts à Lars von Trier. Le rythme est lent, très lent, confinant au prétentieux, apesanti sur les divers visages grimés de Laura Dern par-ci par-là. L'histoire-posée-comme-fictive, donc castrée du potentiel d'émergence émotionnel, est entrecoupée de rencontres improbables, partielles, paranogènes ainsi que de séquences du genre "comme un cheveu sur la soupe" (exemple: mini-choré naze de The Locomotion, exhibition gratuite, extraits de The Rabbits), typiques d'une oeuvre masturbatoire. On atteint ainsi péniblement nos 2h30 restants, entre atermoiement et consternation.
La montre dont les aiguilles s'affolent (à 1h15 du film) me fait penser à tout ce temps "vide", dont les diverses esquisses pseudo-dramatiques (grossières) trompent le spectateur qui, s'il y "croit" jusqu'au bout, doit bien s'avouer, au final, que tout ça ne rime pas à grand chose, n'aboutit à rien (à part une sorte de vengeance métaphorique psy-truc-obscure). On saupoudre le tout d'un désir lesbien mais refoulé, car ce n'est qu'un cauchemar, une histoire de fantôme. A part le début et des miettes, il semble que Lynch, dans son délire, ait pondu une oeuvre expérimentale ratée.