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Sergio-Leone
181 abonnés
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2,5
Publiée le 12 décembre 2010
Film d'une grande intensité avec parfois un déferlement sonore assourdissant et des longueurs narratives, qui donne un regard drôle et dramatique de la lutte des classes voire de la société industrielle telle que nous la connaissons encore aujourd'hui. Gian Maria Volonté surplombe le film et cache presque tout le reste à lui tout seul. A noter une bonne musique d'Ennio Morricone rappelant le thème de l'atelier et très présente dans tout le film . La réalisation et le scénario sont aussi réussis avec un montage répétitif des scènes quotidiennes de l'ouvrier et un très bon parallèle avec l'asile remplis d'hommes qui se sont tués à la tâche et n'ont rien vécu ! L'ensemble ne fait pas un film culte mais reste très actuel.
Intelligent, immense, fondamental, ce film d'Elio Petri met tout le monde d'accord. Les ouvriers ont toujours été les plus mal lotis, les plus maltraités, les moins payés. Le film raconte l'histoire d'un ouvrier italien qui travaille avec ferveur jusqu'à ce qu'il perde un doigt. La perte de ce membre de la main va générer en lui une véritable métamorphose. L'homme vaniteux, cynique et violent qu'il était va connaître une véritable descente aux enfers. Son jugement va changer, sa manière de penser également. Elio Petri nous montre avec réalisme les conditions de vie des ouvriers, le travail à la chaîne, les cadences infernales, les hommes qui travaillent dans des conditions innommables. Le réalisateur s'appuie sur l'époque dans laquelle il vit, une époque de révolte sociale, l'époque des changement de moeurs que sont les années 1970. L'analyse de la situation permet de se rendre compte comment les patrons s'enrichissent lors d'un boom économique, les ouvriers tenus de servir d'esclaves sans augmentation véritable des revenus. On assiste alors à la grève soulevée par les ouvriers, encouragée par les syndicats d'étudiants afin de tenter de mettre un terme à ce semblant de dictature au plus profond d'une entreprise. Mais personne n'est tout noir ni tout blanc comme chacun sait. Exemple avec ce film, un ouvrier perd son emploi, sa famille souffre et les étudiants profitent de la situation pour essayer de déclencher une révolution. Le film montre également le problème des familles divorcées, un fait qui aujourd'hui paraît courant mais il est traité de manière très lucide dans le sens où chacun des parents refait sa vie tandis que l'enfant profite de la mésentente des parents. On apprend également qu'un ouvrier qui se révolte et qui perd ses nerfs et sa raison peut finir dans un hôpital psychiatrique non pas parce qu'il est atteint de folie mais parce qu'il représente un danger pour le système. Gian Maria Volonte incarne le protagoniste et une fois de plus, il effectue une prestation magistrale de cet homme torturé mentalement par sa situation. Elio Petri rédige et signe un réquisitoire féroce contre les sociétés de consommation, accusant l'Etat d'envoyer la police pour dégager les syndicalistes et protéger le patron bref un vrai film engagé. Le scénario est riche en profondeur, bien ficelé, bien mené, la réalisation est remarquable d'efficacité et d'émotion. Au final, Elio Petri réalise un chef-d'oeuvre incontournable!
Me voilà assez perplexe. La Classe ouvrière va au paradis est le genre de film que, de manière habituelle, j'apprécie fortement. Hélas, mon sentiment relève plus de la lecture d'un journal, plutôt que d'avoir vu une oeuvre cinématographique. Je veux dire par là que le réalisme du film est certes très bien constitué, mais à ce niveau-ci, ça l'est trop. L'aspect documentaire est trop développé pour qu'une réelle immersion puisse s'opérer, et la bande sent de très loin l'encre utilisée pour imprimer l'article d'une revue communiste. D'ailleurs, son réalisateur était un journaliste communiste.
Passé cela, nous avons affaire à un acteur prenant et incarnant son rôle avec talent, mais le reste du métrage tombe dans une linéarité qui peut laisser de marbre, ou au contraire, passionner. Personnellement, j'ai été à la fois passionné, et ennuyé. Passionné par l'atmosphère se dégageant de la bande, et par tous ses sous-entendus. Mais j'ai également été ennuyé par ses longueurs de reportage rétro et journalistique. Ce film est tout de même intéressant, typique de son époque, mais ne mérite pas non plus une palme d'or ou d'être exposé au rang des chef-d'oeuvres.
Cette fois, Elio Petri s'attaque aux patronats italiens, pour illustrer la situation, un chiffre est donné à un moment du film: 8h de travail par jour pour seulement 300 lires, en 1972, année de sortie de film, l'inflation commençait à faire rage en Italie. On suit donc le quotidien de ces travailleurs qui fabriquent des pièces et qui ignorent à quoi elles vont servir. Tout ce que l'on voit ce sont des hommes qui travaillent comme des bêtes mais qui sont perdus.
Un ouvrier se dégage du lot: Massa, il est considéré comme un ouvrier modèle, mais les autres ouvriers le détestent car il est seul à répondre aux attentes des chefs de l'usine. Mais suite à un accident de travail, tout va changer. Ce film fait réfléchir et pas seulement sur le monde du travail...
Gian Maria Volonté dans le rôle de Lulù Massa est remarquable. Film ayant remporté la palme d'Or au Festival de Cannes en 1972.
Dans La Classe ouvrière va au paradis on a encore droit à une incroyable prestation survoltée de Gian Maria Volonte, confirmant de film en film qu'il est l'un des mes acteurs préférés. Une œuvre sociale à l'italienne dont ils avaient le secret pour les rendre passionnantes là ou d'autres en faisaient des films ennuyeux ; charge virulente contre le monde du travail déshumanisé à travers une usine où les ouvriers fabriquent à la chaîne un objet métallique dont ils ignorent l'utilité et sa destination. Elio Petri (qui je crois était un déçu du communisme) ne nous montre pas une vision idyllique ou naïf des ouvriers, le personnage de Volonte est abattu par son travail délaissant sa famille mais obsédé par le fait d'être l'ouvrier le plus compétitif. Une œuvre intéressante et le seul reproche que je ferais, c'est la dernière demi-heure à laquelle j'ai moins accroché, niveau scénaristique cette partie du film semble moins travaillé.
Sous ce joli titre se cache une satire sociale féroce mais très subtile, malgré beaucoup de bruits et de fureur et un début qui semble nous faire rentrer dans un manifeste communiste. Elio Petri, en colère, donne la parole aux ouvriers, mettant dans sa ligne de mire les patrons, les syndicats et les révolutionnaires étudiants. Si certains sont sûrement sincères dans le lot, il apparaît qu'ils font plus de mal que de bien, comme en témoigne la dernière partie du film. Tant pis pour le communisme, Elio Petri ne donne pas de solution et ne prend pas parti. Concernant le film en lui-même, Gian Maria Volonte donne toute la mesure de son talent, les décors sont géniaux (ah cet horrible appartement rempli d'objets kitsch de très mauvais goût...) et la bande-son d'Ennio Morricone sert bien le récit. Si on tombe parfois dans le grotesque, parfois dans le tragique, c'est parce que ce film est d'une grande richesse malgré le réalisme sordide qu'il affecte. Palme d'or amplement mérité pour ce film social qui touche juste à l'époque où il sort.
Un an après Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon Elio Petri replace devant sa camera l'excellent Gian Maria Volonte .Incarnant ici un ouvrier italien que son travail en usine adsorbe entièrement,il n'a qu'une seule obsession son rendement.Un accident viendra changer son point de vu,et emmènera ses camarades dans un conflit social.Elio Petri montre l'absurdité du travail,mais aussi celui du militantisme.Car si la situation semble s’être améliorée d'un point de vu social,le travail effectué et bien plus abrutissant et bruyant que l'était le travail déclencheur de conflit.Une B.O signée Morricone accompagne parfaitement le film,qui n'est pas très esthétique mais bien mené et c'est suffisant.
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4,0
Publiée le 30 juillet 2012
C'est en 1971 que Elio Petri rèalise l'un de ses films les plus connus, "La classe operaia va in paradiso", film remarquable racontant la vie d'un ouvrier, d'abord individualiste (faisant montrer les cadences à l'usine, par sa rapiditè "aux pièces"), puis prenant conscience de sa situation, de son "aliènation", pour s'engager dans l'action politique et dans la lutte syndicale! On a reprochè à ce film de Petri de partir dans tous les sens, d'être mal fait et laid! De plus, on lui a reprochè de ne pas attaquer le contenu, mais la forme, ce qui revenait èvidemment au même! Le film politique ètant admis, bien sûr, mais non une esthètique de laideur! Toujours est-il que tout ceci est très sèvère car curieusement, le même reproche a ètè fait au très beau "Brutti, sporchi e cattivi" d'Ettore Scola, bien que les deux films diffèrent grandement, tant par leur contenu que par leur intentions! Comme si l'on n'osait plus s'en prendre aux idèes, mais à leur prèsentation de mauvais goût! Bref, la critique a son mot à dire mais elle sait au fond d'elle-même que tous les goûts cinèphiliques sont dans la nature! Ici, le monde ouvrier n'est en rien inconnu à Petri dont le papa travaillait à l'usine! D'ailleurs il avait même adhèrè au parti communiste juste après la seconde guerre mondiale! C'est dire si Petri avait des choses à dire ici en mêlant habilement charge satirique et chronique rèaliste, tout en règlant ses comptes avec ses espoirs de jeunesse et ses amis d'autrefois! Son personnage central peut en effet se voir comme le fruit de son travail en usine: une machine humaine, sans vie sociale, sans amis, tout aussi incapable de faire l'amour à sa femme que de s'occuper de son fils! Un être solitaire dont le corps et l'esprit peuvent cèder à tout instant et dont justement l'accident semble l'ouvrir aux autres! il fallait tout le talent de Gian Maria Volonte pour camper le personnage de Lulù Massa dont il est ni un saint, ni un hèros, mais un italien moyen reprèsentatif de la majoritè de ses compatriotes! Sensible à cette descente aux enfers, Petri a pourtant refuser la facilitè du film militant qui ne sèduirait que les convaincus en osant un portait d'ouvrier loin de l'imagerie de la gauche de cette èpoque. "La classe operaia va in paradiso" fut beaucoup critiquè à l'èpoque mais le festival de Cannes sût reconnaître la puissance du mètrage en lui accordant une jolie Palme d'or! A noter la très belle partition d’Ennio Morricone...
Une satire sociale qui ne fait pas dans la dentelles, tout y est exacerbé les dialogues, situations et jeux d'acteurs. Le scénario aborde énormément de thèmes autour du syndicalisme, communisme et autres problèmes liés au monde du travail. Le point fort du film est qu'il arrive a ne pas être partisan d'une des causes, le montage dans certaines scènes est excessif (mais cela fonctionne bien). La musique de Ennio Morricone est géniale.
Récompensée par la Palme d’or en 1972 et portée par un Gian Maria Volonte habité, une satire sociale cynique et enragée sur la condition ouvrière dans l'Italie des 70's, avec une première partie intéressante et une seconde épuisante. 2,25
Durant les années 1960 à 1980, Elio Petri était incontestablement le cinéaste italien le plus engagé politiquement. S'il a quitté le Parti Communiste Italien après l'entrée des chars soviétiques dans Budapest en 1956, il n'en reste pas moins un homme clairement marqué à gauche. Son cinéma sera le reflet de cet engagement de manière évidente à compter de "Les jours sont comptés" sorti en 1962 qui voit un ouvrier plombier romain (Salvo Randone) quitter du jour au lendemain son travail quand il prend conscience que l'âge le guette avec son pendant la mort au bout du chemin. Une décennie plus tard, juste après "Enquête sur un citoyen au dessus de tout soupçon", chef d'œuvre caustique raillant la caste intouchable des élites, il retrouve Gian Maria Volontè pour s'intéresser encore une fois à la classe ouvrière dont il se demande désormais si son seul espoir n'est pas d'aller au Paradis, le bonheur lui étant définitivement interdit durant son passage sur Terre. Lulù (Gian Maria Volontè) qui n'a pas le même âge que Cesare le plombier fatigué de "I Giorni contati" n' a pas encore d'état d'âme. Devant sa machine il n'est pas comme le Charlot rêveur des "Temps Modernes" (Charlie Chaplin en 1936) qui se laisse embarquer pour un ballet de contorsions au sein des rouages de la mécanique qui la régit. Il est au grand dam de ses collègues ce que l'on appelle à l'époque un stakhanoviste. Celui qui est mis en avant par les patrons pour inciter le reste du troupeau à suivre la cadence. Il faudra qu'un accident de travail lui sectionne un doigt pour qu'enfin il se questionne sur sa condition et sur le sens de sa triste vie. Ignorant jusqu'alors les revendications syndicales et les slogans gauchistes scandés par les étudiants marxistes devant son usine, il se souvient de son ancien et vieux collègue Militina (Salvo Randone) qui zélé comme lui, finit sa vie en hôpital psychiatrique. Prenant la tête d'une grève générale, il sera licencié pour activisme. Lulù va alors découvrir les contradictions qui minent le mouvement syndical et les partis politiques. Elio Petri qui n'a jamais renié un certain goût pour la démesure pousse ici un cri de rage qui prend le formidable Gian Maria Volonté pour porte-voix. Son film bruyant et sans nuance a certes été récompensé d'une Palme d'or à Cannes en 1972 mais il n'a pas rallié à lui toutes les sympathies notamment celle des institutions syndicales de son pays qui lui ont reproché une forme de cynisme qui ne servait pas forcément la cause que le film et son auteur étaient censés défendre. Pourtant malgré ses quelques outrances, près de cinquante ans après sa sortie, la vision d'Elio Petri et d'Ugo Primo (son coscénariste) n'a rien perdu de sa force de conviction et les vérités dénoncées qui ont pris d'autres formes continuent d'agiter au plus profond nos sociétés occidentales.
Après Kafka, Marx : Petri s'est demandé pourquoi l'Italien de la seconde moitié du XXᵉ siècle est un afficionado du syndicalisme, et pourquoi les étudiants de son pays ont pris plus à cœur qu'ailleurs les mots et les valeurs du capitalisme.
On est marqué d'entrée par la recherche d'une alliance des étudiants avec les ouvriers, ce pacte entre frères ennemis signé dans le sang de l'intérêt commun traversant les classes. L'homme de la classe ouvrière n'est plus un ouvrier, c'est un outil. Mais un outil qui raisonne ("raggiona, raggiona", insiste Lulu), et bien content, finalement, de pouvoir se fier aux paroles de ses pairs, même s'ils sont beaucoup plus jeunes. La poudrière de la conscience politique italienne a eu cette particularité d'atteindre le point de fusion de ses éléments les plus éloignés entre eux. Un communisme social, en fait, à défaut d'une politique ou d'une économie à sa mesure.
La graine communiste qui germe dans l'esprit de Lulu a pour terreau la frustration. Elle a abattu un mur, mais pas celui qui sépare les patrons de l'ouvrier : celui avec qui ce dernier s'enferme. « La réalité est la réalité », voilà la portée de la philosophie prolétarienne qui soudain voit dans le communisme une vengeance contre un monde où le superflu n'est même pas forcément considéré comme inutile, mais plus prosaïquement comme le symbole de l'oppresseur. C'est une mise en commun rageuse, haineuse même, que Petri démonte et remonte à sa guise comme s'il avait mis le doigt sur ce qui a permis la diabolisation de l'idéologie marxiste au-delà de ses promesses d'austérité.
Quand on sait de quoi Petri est capable, ce Les Temps Modernes d'après-68 est un peu plat et brumeux. Il prend une piste psychologique prometteuse dont il se dissocie assez vite et tient à montrer le creuset politique pour ce qu'il est : un monde brûlant et bouillonnant. Peu épanouissant artistiquement, ce décor est néanmoins révélateur sur notre propre monde. D'où qu'on soit en Europe, une part de nous vient des usines italiennes où l'on travaillait à la pièce. Qui qu'on soit, on a encore en nous un peu de l'éclat de Gian Maria Volontè.
Sujet passionnant et militant sur l'exploitation de l'homme par l'homme. J'aurai ceci étant préféré un film moins bordélique, moins hystérique et un peu plus travaillé sur l'image qui la avouons le est très moche... Peut-être volontairement finalement...
La Classe ouvrière va au Paradis (Elio Petri 1971) est un grand film sans pathos pseudo-ouvriériste, un grand film pas seulement par l'interprétation magistrale de Gian Maria Volontè (et celle extraordinaire aussi de Mariangela Melato), la musique d'Ennio Morricone, la mise en scène toujours rigoureuse dans l'excès, mais surtout parce qu'il décrit en profondeur l'évolution d'un ouvrier qu'on se prend vite à aimer dans le cadre tendu de la lutte des classes. Comme j'ai travaillé à la chaîne je connais bien le résultat sur le corps et l'esprit de cette aliénation. Mais pour avoir aussi fréquenté les directions syndicale je connais leur pseudo-réalisme qui cache souvent du défaitisme. Et je connais bien l'inanité irresponsable de certains gauchiste. Petri certes évoque tout cela sans aucun fards, mais surtout il l'incarne dans un homme et ses collègues, et son épouse, il l'incarne comme sait le faire le cinéma, de façon à ce que nous le ressentions comme nôtre. Et ça on ne l'a vu que dans Fassbinder (pour moi c'est un immense compliment).