Le cinéma de Kitamura est à la fois plaisant et décevant. Il a de très bons atouts, et de grosses lacunes, et d’un film à l’autre cela se ressent, même si ce Godzilla, probablement son film le plus « bankable », est peut-être moins sensible à ce jeu des montagnes russes.
Côté atout on ne peut nier que, malgré son budget forcément limité, le film propose de bons effets spéciaux, avec une petite tonalité kitsch plutôt sympa, et des scènes d’action nombreuses et de qualité, bien que parfois un peu bâclées. Privilégiant la quantité, on a l’impression que ça pète beaucoup, que ça fait beaucoup de bruit, mais ce n’est pas forcément au profit de la force de frappe de ces scènes, malgré des effets pyrotechniques de belle facture, et des créatures nombreuses aux looks sympathiques. Kitamura signe une mise en scène assez clinquante, comme il en a l’habitude, parfois très clipesque, mais c’est correct, et j’émettrai juste un bémol sur des décors peu convaincants. Je ne sais pas si c’est voulu mais on se croirait en plein milieu des années 90 !
Le casting peine à convaincre. Peu d’acteurs charismatiques, certains en franche roue libre (Don Frye), les rôles sont mal dégrossis, et n’ont guère de relief, avec comme souvent dans le cinéma asiatique un casting féminin assez transparent (ici on sent clairement que la longueur des jambes et le sourire ravageur ont prédominé dans le choix des actrices, charmantes au demeurant !). Ce manque de charisme, et ces rôles faiblards m’ont relativement déçu, car on ne peut malheureusement pas dire que c’est pour laisser la place à Godzilla.
En effet, en dépit du titre, Godzilla apparaît finalement bien peu en 2 heures, laissant parfois la place à des monstres assez amusants, mais surtout laissant sa place, pendant bien plus de la moitié du film, à des espèces d’extraterrestres fort humains, qui se débattent comme de beaux diables avec des mutants d’une rare nullité ! L’histoire du film est vraiment décevante. Décousue, foutraque, elle se veut généreuse, et en effet il y a beaucoup d’action, mais on ne nous donne pas vraiment ce que l’on voudrait voir ! Le spectacle suscite un intérêt limité finalement, et franchement si vous aimez Godzilla, rabattez-vous plutôt sur la version de Emmerich, au moins on le voit davantage !
A noter quand même une très bonne bande son avec, aux commandes, le redoutable Keith Emerson.
Le film n’est pas génial, mais il reste regardable, et surtout, comme dans la plupart des films de Kitamura, il y a une certaine générosité maladroite qui fait plaisir. Pas un grand métrage, mais un film de monstres pas mauvais, qui, avec plus de tenue aurait pu s’imposer comme un divertissement surprenant. 2.5