Le cinéma français ne s’est penché que trop rarement sur le genre horrifique, jusque-là affilié aux Américains et Japonais entre autres. Mais quand des petits réalisateurs nationaux décident de se lancer dans l’aventure, c’est toujours avec une certaine curiosité que l’on se penche sur le visionnage dudit film. Ici, il est question de David Moreau et Xavier Palud, deux cinéastes qui décident alors de s’associer pour diriger Ils, un thriller qui n’est pas passé inaperçu auprès de certains spectateurs. Sans oublier que c’est grâce à ce projet que le duo s’est retrouvé plus tard à la tête d’un long-métrage hollywoodien, qui n’a toutefois pas reçu le même accueil (le remake de The Eye). Retour donc sur ce petit film plutôt encourageant ayant quelques atouts dans les manches.
En effet, la première chose qui marque avec Ils, c’est sa réalisation. Non pas qu’elle soit des plus originale, mais elle se révèle être des plus efficaces. D’autant plus qu’elle se rapproche suffisamment de celle du Projet Blair Witch sans toutefois plonger dans le found footage pur et dur. L’aspect visuel de l’ensemble colle au plus des près des personnages sans se prêter au moindre effet de style afin d’offrir des airs de documentaire. Le manque de bande musicale (sauf pour le générique et l’annonce du film) le prouve. Cela offre beaucoup de crédibilité à l’ensemble mais également une certaine tension, notamment lors des séquences dites d’action (quand les personnages se mettent à courir ou à se protéger d’une attaque). Cela n’a rien d’effrayant, avouons-le ! Cependant, il y a suffisamment de savoir-faire pour captiver l’attention du spectateur et de l’intéresser au sort des protagonistes. Et pour un thriller horrifique, c’est une bonne chose ! Surtout qu’Ils s’inspire de faits réels.
Si cette notion aujourd’hui devenue un slogan à prendre à la légère à cause de la manière qu’on les films de romancer lesdits faits (à l’instar de Massacre à la Tronçonneuse), ceux d’Ils se rapprochent de la réalité. À part la nationalité des personnages (d’origine autrichienne et non française) et des ajouts scénaristiques pour combler les vides d’une enquête forcément incomplète, l’intrigue du film reflète ce qui s’est réellement passé et qui, pour le coup, se veut crédible au possible. Un constat qui se renforce par l’aspect documentaire cité dans le paragraphe précédent et qui met en avant l’horreur que révèle le film sous la forme d’un climax percutant, à savoir l’identité des agresseurs (qui, bien entendu, ne seront pas spoilés dans cette critique). Dommage que tout cela, bien solide sur le papier, s’écroule aussi facilement qu’un château de carte.
La faute principalement à un scénario qui sent les clichés à plein nez. Il est vrai qu’il est difficile de faire autrement avec ce genre d’intrigue et que le cinéma horrifique est l’un des genres les plus codifiés. Mais là, cela relève de l’exagération ! Rien que la fameuse séquence d’introduction, dont la présence n’est là que pour dire au public que quelque chose de menaçant rôde. Le film n’avait vraiment pas besoin de passer par cela, d’autant plus que cette scène, déjà inutile au premier abord, est bien trop longue pour intéresser qui que ce soit. Et c’était sans compter sur les nombreux à-côtés scénaristiques qui font perdre à Ils toute notion de réalisme. Allant d’un décor trop tape-à-l’œil (une immense maison pour seulement un seul couple) à des situations un chouïa guignolesques (mettant en scène la débilité des protagonistes, comme par exemple ne pas saisir l’occasion de s’enfuir en voiture alors qu’ils l’ont à un moment du film). Sans compter que l’interprétation des comédiens, bien qu’il y ait déjà eu pire ailleurs, n’aide pas vraiment, ces derniers cabotinant quand il s’agit de simuler la douleur ou bien l’effroi. De ce fait, on a du mal à croire à l’ensemble et la révélation de l’identité des « antagonistes » ne se montre pas aussi percutante qu’elle aurait dû être.
Et c’est fort dommage d’en arriver-là car Ils avait pas mal d’atouts en poche pour marquer le cinéma horrifique, surtout pour un film de genre français. Malheureusement, il ne va pas plus loin que le thriller à la mise en scène efficace. Bien entendu, c’est bien meilleur que certaines productions hollywoodiennes faites avec les pieds, mais ce n’est pas suffisant pour titiller les âmes sensibles ni les férus de divertissements d’horreur. Une fois vu, vous l’aurez vite oublié et ce malgré les faits dont il s’inspire.