Si, si mon colonel est un film de bidasses typique. Pas vraiment bon, pour autant il n’est pas non plus foncièrement mauvais.
Disons qu’on retrouve les situations habituelles du genre, et les gags toujours assez simplistes du genre, pour ne pas dire parfois franchement balourds. Maintenant, on est ici dans une moyenne honorable. Certaines situations sont réellement drôles (le colonel qui découvre son gendre), et le rythme est efficace. On ne s’ennuie pas, et cela bien qu’il n’y ait pas vraiment d’intrigue. C’est la preuve que l’humour n’est pas ridicule, et qu’on prend donc du plaisir à suivre ce métrage jusqu’au bout. Les running-gag fonctionnent d’ailleurs bien eux aussi. Ça ne vole pas haut, c’est parfois déjà vu, mais il y a de la générosité et de l’efficacité, le film ne lâchant jamais son spectateur.
Le casting est pour beaucoup dans l’intérêt du film. Il faut être honnête, si certains gags fonctionnent vraiment bien, c’est surtout grâce à un Jacques Dufilho totalement survolté. Il campe le colonel directeur de la caserne, et il est énorme ! Il vole totalement la vedette à ses acolytes, que ce soit Aldo Maccione, pourtant assez en forme ici, ou les bidasses elles-mêmes, campées par une galerie d’inconnus. Le réalisateur s’offre lui-même un petit rôle d’officier. Mais enfin, clairement, ce film aurait presque été quelconque et dispensable sans l’abattage de Dufilho. Et plus le film avance plus il est mémorable, enquillant les « put** » et les « nom de dieu » à la fin de ses phrases avec une générosité sans borne.
Formellement je ne retiendrai pas énormément de choses. Le film à une certaine figuration, le réalisateur orchestre bien ses gags (celui de l’otarie est amusant). Le seul vrai reproche que je ferai à ce film sur le plan visuel c’est le recours à des stock-shot peu exploités, et quelques montages plus qu’artisanaux, même pour un film des années 70 (la moto devant l’écran défilant montrant la cathédrale de Moscou). Après ce ne sont que quelques morceaux dans le film. Sans être tonitruant, j’ai quand même eu le sentiment qu’on était ici dans le haut du panier d’un genre qui a souvent enchanté les tacherons ! Musicalement, sans voler bien haut, c’est passable.
Si, si mon colonel est donc un petit film plutôt basique, sans vraie histoire, mais qui a le mérite d’être assez drôle en général, plutôt pas mal fichu, et porté par un Dufilho totalement remonté. Une cocasserie sans grande ambition, qui avec un vrai fond, une narration plus fluide, et davantage d’application dans la réalisation aurait pu être une de ces bonnes surprises comiques populaires. 2.5