En France il y a la comédie lourdingue, et puis il y a la comédie Philippe Clair. Franchement, j’ai vu des comédies populaires qui pesaient une tonne, mais là on est dans le record du truc drôle à force d’être pas drôle !
La Grande maffia, même au sein de la filmo de Philippe Clair doit être une des pires catastrophes. C’est dire le niveau de ce film consternant, mais d’une puissance nanarde inégalable ou presque.
L’histoire n’était pas idiote, en tout cas elle pouvait présager du bon humour potache : un banquier se voit greffer le cœur d’Al Cartone (oui, c’est à peu près tout du niveau de ce jeu de mot misérable !), et le mafieux avait indiqué dans son testament léguer tout son héritage à la dernière personne à qui il confierait son cœur ! Bref, déception de sa femme, et voilà Blanche parrain de la mafia ! Le souci c’est qu’à partir de là, et même avant en fait, La Grande Maffia est une affliction humoristique. Entre le numéro de Sim que j’ai rarement trouvé aussi ridicule (il faut le voir, ça ne se décrit pas), les jeux de mots indignes d’une cours de récré, les gags énormes (la femme noire qui dit s’être trompé de bureau au commissariat en sortant de celui-ci sur la porte duquel il est écrit « traite des blanches ! »), et surtout c’est le bazar. Pas de consistance, le film cherche l’enchainement de gags plus ou moins burlesques mais qui ont tous pour résultat commun de ne pas être drôle, où alors drôle à force d’être mauvais. Il y a celui des barreaux de prison aussi qui vaut son pesant de cacahuètes tellement il est usé jusqu’à la corde !
Le casting est à la hauteur de ce grand moment de n’importe quoi. Galabru, Sim, Maccione, Blanche, Philippe Clair en personne et quelques autres curiosités du cinéma populaire français en font des méga-caisses, surtout les seconds rôles. On dirait qu’il y avait un concours de la prestation la plus grotesque, et je dois dire que j’hésite entre celle de Sim, insupportable, et celle de Philippe Clair avec son accent Jamel Debbouze dans la pire scène du film avec celle de Sim. En fait, et on le sent bien dans le générique de fin, on voit que les acteurs étaient là un peu pour l’argent et beaucoup par amitié pour Clair, mais qu’ils ne croyaient pas trop en son film. Ou alors ils ont mis en avant la direction d’acteur probable de Clair qui devait être : faite en le plus possible !
Evidemment sur la forme ce n’est pas mieux. Scènes accélérées à la Benny Hill, décors et réalisation de pacotille, La Grande Maffia est un fourre-tout potache mais aussi brouillon visuellement (et musicalement, parce que les 5 minutes sur Allelujah ce n’est pas possible !) que scénaristiquement parlant. On sent que Clair a fait dans la débrouille, et en fait on se demande presque si ce n’est pas fait exprès comme pour renforcer le côté « comique absurde » du film. Mais bon, à la limite compte tenu du niveau de consternation atteinte par l’humour et les acteurs, le reste c’est presque secondaire.
La Grande Maffia est un vrai nanar énormissime. C’est un sommet de la comédie qui rate systématiquement ses effets, mais parvient à faire rire de ses ratages à répétition. 0.5