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Christophe Stéphanie Mathilde L
5 abonnés
56 critiques
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3,5
Publiée le 14 mai 2017
Elephant, film qui a inspiré le film "Elehant" de Gus Van Sant, série de 18 meurtres sordides sans mobile apparent, sans liens apparents.Sorte d'allégorie mortifère de la guerre civile en Irlande du nord...à la fin j'ai mis en accéléré tellement c'est oppressant...parce que c'est la mort lâche et hasardeuse ou tu ne peux rien.
Elephant, c'est le genre de film qu'on regarde sans jamais cligner des yeux. Elephant, c'est 39 minutes de violence brute où le temps s'arrête pour le spectateur. Elephant, c'est un téléfilm de Alan Clarke réalisé pour le compte de la BBC en 1989...Qui est Alan Clarke? Artiste plasticien radical, on lui doit des chefs d'oeuvres comme Scum et Made in Britain. En 1979, Scum électrocute le public anglais en pointant les dysfonctionnements des institutions publiques. 3 ans plus tard, Clarke balance Made in Britain, l'histoire sordide d'un skinhead qui navigue entre le bureau d'aide sociale aux chômeurs et le hangar dans lequel il vit. Clarke fracasse les années Thatcher avec sa mise en scène puissante et une représentation de la violence qui a laissé plus d'un spectateur sur le carreau. 1989 : Pendant que les français fêtent le bicentenaire de la révolution, un ofni atterrit dans le poste de télévision des téléspectateurs anglais : Elephant. Dix-huit scènes de meurtre, et rien d'autre. Aucune musique, aucun dialogue et aucune explication. Simplement la présence de l'acte barbare en lui même. 39 minutes où seules les déflagrations d'un coup de feu viennent briser un silence de plomb. La mécanique imparable de Elephant empoigne le spectateur par les tripes et lui fait ressentir l'indicible. L'acte meurtrier est représenté dans son essence : froid, incompréhensible et absurde. Elephant est un film débordant d'humanité dans lequel on ne voit que des assassinats. Une pépite sans concession du cinéma expérimental qui provoque un sentiment de vertige. On ne parle que très rarement de ce réalisateur qui occupe selon moi un rôle essentiel dans l'histoire du cinéma. Gus Van Sant s'est beaucoup inspiré de ce moyen métrage pour son film de 2003 Elephant. Il ira même jusqu'à reprendre le titre et le concept du film de Clarke. On y retrouve la même utilisation de la steadycam et la volonté similaire de faire ressentir l'acte meurtrier comme un moment chimérique et cependant proche de l'enfer. On notera également que le film Dog Pound de Kim Chapiron (Sheitan) sorti sur les écrans l'année dernière, n'est en réalité qu'un remake de Scum.
La froideur extrême des assassins dans ce film ne nous laisse pas ( et de loin ) indifférent. Le moment le plus démonstratif reste au moment de l'exécution. J'ai été marqué par la manière si sobre de montrer un déchainement de violence aussi banalisé que cela. A voir !!
Ce court métrage assez expérimental se déroule en Ireland. Le film enchaine 18 séquences qui se présentent sous un même schéma très mécanique. Un homme banal suivit en steadicam marche et en tue un autre naturellement avant de rebrousser chemin. Puis la caméra film le cadavre pendant dix bonnes secondes. Présenté comme ca, le film semble très répétitif. Mais à deux reprises c’est la victime qui est filmé au début. Ce qui est assez déroutant car on ne sait plus qui sera le bourreau ou la victime de chaque séquence. On en conclut l’idée que la victime pourrait être le bourreau, de plus les nombreux portrait tout à fait banal permet de nous identifier en eux et nous questionne sur le fait que sa pourrait être nous. Le plus choquant est la façon dont les personnages sont mis à l’écart, sous l’indifférence de tous. Tous les lieux visités sont vide. Apparemment dans ces années les meurtres de ce style étaient courants, les gens s’en étaient presque habitués. Difficile à croire, pourtant le réalisateur va nous permettre de nous mettre dans leur situation ; En effet lors de la première séquence, on est choquée par le meurtre, tout comme à la 2ème, mais dès la troisième on s’y attend, et par la suite le spectateur est de plus en plus passif au fur et à mesure des meurtres : tout comme les habitant de Belfast où ces meurtres faisait pratiquement partis de leur quotidien. Le cadre fait en sorte que le tueur et la victime n’apparaisse pas ensemble dans le même plan lors de l’exécution ; La violence n’est pas utilisé pour son esthétisme, ici la violence est utilisée pour dénoncer. Les longs plans fixes sur les cadavres permettent d’amplifier le manque de réaction du spectateur. Tout comme l’exécution le spectateur s’habitue de cette contemplation funeste. Voir un cadavre pendant 10s à chaque séquence devrait immédiatement mettre mal à l’aise le spectateur et nous faire arrêter le film, mais non, on continue de regarder alors qu’on sait très bien que dans les minutes qui suivent on verra un nouveau cadavre. Cela pointe du doigt le spectateur qui est toujours à la recherche de la violence sans forcement le savoir. La dernière séquence est sublime, un homme ce fait accompagné avant de se faire exécuter par un troisième. La victime marche sereinement vers sa mort, il n’est pas inquiet, à son attitude jamais on ne pourrait croire qu’il va mourir. Le film se conclut ainsi sur une conception que la vie semble ne plus avoir aucune valeur dans cette société. Ce court à énormément influencé Gus Van Sant pour son Elephant. Que ce soit de la technique par l’utilisation singulière de la steadicam, à l’idéologie qui est celle que notre société peut transformer n’importe lequel d’entre nous en bourreau. Avec des intentions moins lisibles que ses longs métrages tels que Scum, Allan Clarke réussi un court qui devient une expérience très troublante pour le spectateur.