Les fils de l’homme est un métrage que j’ai vu deux fois, la seconde en particulier pour offrir une critique fraiche de ce-dernier. Force est de constater que c’est un très bon film, mais pas tant de SF (je pense que les amateurs seront plutôt déçu de ce point de vue).
D’abord le métrage repose sur un casting très solide. Clive Owen offre une prestation très soignée, malgré un personnage assez léger et finalement un peu fade. Il lui apporte vraiment avec bonheur son charisme et son jeu précis, car ce rôle aurait clairement pu tomber à plat avec un acteur moins compétent. A ses cotés Julianne Moore apporte toujours son agréable présence, bien qu’elle tienne finalement un second rôle ici. Michael Caine de son coté a un rôle un peu plus important, qui sans nul doute surprendra les fans de l’acteur. Il semble beaucoup s’amuser, et les qualités de l’acteur font que son personnage est surement le plus intéressant du film. Il n’est pas monolithique, il a un passé qui le complexifie, et il apporte un net relief à un métrage qui tend un peu souvent à tomber dans le binaire voir l’univoque, ce qui est dommageable. Quelques très bons rôles soutiennent ce prestigieux casting, à commencer par Chiwetel Ejiofor et Claire-Hope Ashitey. Cette dernière un peu laborieuse au début est nettement meilleure dans la seconde partie du film. Un petit bémol sur Peter Mullan, clairement caricatural et en cabotinage excessif.
Le scénario tient très bien la route. C’est un réel argument pour le film. Certes le point de départ est un peu brouillon, et souffre sans doute de quelques explications, mais ensuite quand la machine s’est rodée (au bout d’une petite vingtaine de minutes), c’est du très solide. Action non stop, rebondissements nombreux, profondeur humaine en regard, le film s’attaque en plus à de nombreux sujets d’actualité plus que brulante, ce qui est un projet très ambitieux voir franchement casse-figure, et pourtant il s’en tire avec les honneurs. La gradation est de surcroit excellente, jusqu’à une conclusion un peu faible. Reste la lacune déjà évoquée d’un film qui peine tout de même à échapper à un certain manichéisme, mais c’est généralement le cas de tout film qui évoque des faits très récents ou encore d’actualité.
La réalisation est brillantissime. Difficile de faire mieux dans le genre, et Cuaron offre vraiment un travail remarquable. Il y a quelques séquences d’anthologie, et le travail immersif lors de l’assaut du camp dans la seconde partie du film est juste sublime. Toujours près de l’action et des personnages, introduisant le spectateur comme un membre à part entière de l’équipe (voir l’attaque de la voiture où la caméra se trouve au siège passager avant et qui est vraiment excellente), Cuaron, sans non plus s’y attacher de manière très appuyée, propose des scènes d’action exceptionnelles. Cela au milieu d’un film tiré au cordeau de ce coté là. Les décors sont eux aussi parfaits. Rien de vraiment futuristes ici, mais plutôt une société humaine en décrépitude, avec une ambiance post-apocalyptique souvent, une ambiance de films de zombis aussi. La première partie m’a beaucoup fait penser à un film de zombis, la seconde à un Los Angeles 2013. En tout cas excellent travail sur les décors et l’ambiance, porté par une photographie à la hauteur qui donne une réelle élégance au film, et sert avec bonheur son coté triste et désespéré. A noter que quelques scènes violentes déconseille le film à un jeune public, qui de toutes manières ne saisira pas vraiment le propos du métrage. La bande son est simple, un peu dépouillée sans doute, mais elle accompagne finalement bien ce film, et sait conforter l’ambiance et la portée des images.
Pour conclure sur ce film je conseille évidemment Les fils de l’homme. C’est clairement un film très maitrisé, très solide, qui pour ma part réussi un compromis rare : faire d’un film d’action à gros budget un film à propos, qui a une réelle portée de réflexion. Chacun réagira à sa manière par rapport à cela, et appréciera ou pas, d’autant que le film est globalement assez partial, mais cinématographiquement parlant il est difficile de nier une réelle réussite. Je lui accorde pour ma part 4.5, tenant compte tout de même d’un personnage principal sans grande consistance, d’acteurs secondaires pas toujours au niveau, et de quelques lacunes au niveau de l’histoire, avec un début souffreteux et une conclusion un cran en dessous des attentes.