Rien que par ma note, je vais m'attirer les foudres des personnes qui crient au chef-d’œuvre. Mais aussi des personnes disant que je n'aime pas le cinéma, le vrai, et que je préfère le bon film bourrin à la Michael Bay ou le dernier "Twilight". Peut être aussi les foudres des trolls qui vont prétendre que je ne sers à rien. Et pourtant... . C'est pour ça que je vais prendre le temps et d'avancer mes arguments pour dire que je n'ai pas adhéré au film. Tout simplement.
"Les fils de l'homme", sur un schéma narratif plutôt bien écrit et tracé, implante le décor dans le Londres de demain, cité futuriste pré-apocalyptique qui n'attend qu'à exploser (dans le sens figuré du terme). L'idée de départ du scénario avait tout bon car imaginer un Londres sans lendemain pouvait se révéler être une gageure. Alfonso Cuaron, qui apporta son style visionnaire à l'écriture, rend son histoire crédible et la plus réaliste possible en travaillant ses personnages dans une dimension la plus complexe soit-elle : une psychologie amoindrie pour un rendu (esthétique, de mise en scène) de ce que les personnages doivent faire. Alfonso fait en sorte que ses personnages font avancer son métrage à l'inverse des films d'anticipation du genre "I robot" (d'Alex Proyas) ou "Prédictions" (avec Nicolas Cage) où le spectateur est passif. Dans "Les fils de l'homme", on est certes embarqué, mais le réalisateur ne nous met pas en face d'un problème : le dilemme est déjà présent. Et les personnages ont décidé de ce qu'ils doivent faire. On suit le récit narré par Cuaron à travers la caméra (à l'épaule, bien entendu) qui ne nous incite pas à regarder derrière nous mais bien devant nous. Le metteur en scène s'est mis dans la tête le dicton suivant : "nous écrivons notre destin". Et comme il s'agit d'un film, le cinéaste nous renvoie la balle en nous faisant prendre conscience de notre avenir sur Terre. Ainsi, tous les problèmes de la société actuelle sont abordés : la sur-population, l'immigration, la famine, la disette, la guerre, l'infertilité humaine... . Le réalisateur de "Gravity" nous met face à nos problèmes en évitant de nous juger (grâce aux acteurs qui prennent leur destin en main eux-mêmes) par le style d'écriture du genre documentaire.
Et comme il s'agit d'un film documentaire réaliste, j'en viens à la mise en scène. Alfonso Cuaron n'y va pas avec le dos de la cuillère. Cette caméra à l'épaule est incessante, certes elle nous fait entrer de plein fouet dans le sujet (bravo Alfonso !) avec un début tout à fait prometteur, et a eu l'art de m'ennuyer passée cette première demi-heure. Non pas que je déplore cette méthode, mais je trouve qu'Alfonso a pris un gros risque en forçant son métrage à être des plus réalistes possibles. Oui pour ce style coup de poing, mais pas pendant plus d'une heure. J'ai eu l'impression d'avoir à faire à la mise en scène maîtrisée d'un "Cloverfield" pour adultes. C'est dire ! En plus, le réalisateur de "Harry Potter et le prisonnier d'Azkaban" prend la peine par terminer ses "Fils de l'homme" par deux plans séquences d'une longueur d'environ quarante minutes. J'ai trouvé tout cela lourd et ennuyant. Je n'ai pas adhéré, tout simplement. Je n'ai pas dit qu'Alfonso s'est planté, je dis simplement que ça ne m'a pas plu. Et je pense qu'un Spielberg, J.J. Abrahms ou autres Tony Scott (regretté par ailleurs) s'en serait beaucoup plus mal sortis. Mais je n'en sais rien... .
Après, du côté des acteurs, tous surjouent à n'en plus finir. Ici, ce n'est pas du cabotinage, c'est bien du surjeu. Ce n'est pas du Pacino (qui peut pour certains agacer), mais bien un jeu hautain auquel tout le casting s'est mis. Pour moi, il ne s'agit pas d'une direction d'acteurs parfaite, mais bien d'un ratage complet à l'image d'un Michael Caine que je n'ai absolument pas reconnu. Et je parle de Michael Caine qui n'en est pas à sa première année de carrière ("Le limier" de Mankiewicz, "L'homme qui voulut être roi", "The dark knight"...) ! Il surjoue enlevant tout le sens de rythme qui avait été donné jusque là. Why ?? Et aussi, je ne m'attendais pas à ce que Julianne Moore ("Le monde perdu", "Le fugitif". Oscarisée, enfin !!, pour son rôle de mère atteinte de la maladie d'Alzheimer dans "Still Alice"), parfaite dans son rôle !, elle, apparaisse si peu dans le métrage. Étonnant, non ? D'autant que Clive Owen (le méchant dans "La mémoire dans la peau" et le braqueur de banques dans "Inside man" de Spike Lee, c'est lui !), bon au début, est énervant dès que la mise en scène s'emballe.
Pour terminer, "Les fils de l'homme", film d'anticipation mis en scène par un cinéaste visionnaire, est une œuvre unique en son genre portée par un Clive Owen électrisant à souhait.
Pour les fans absolus des films apocalyptiques. Les autres, passez votre chemin.
0 étoiles sur 4.