« Total Recall » de Paul Verhoeven est un très bon film de science-fiction. Je l’avais vu à sa sortie et en étais ressorti à la fois conquis et impressionné ; je me l’étais procuré en VHS, puis il figure toujours dans ma DVéthèque. Je me suis décidé à le revoir suite à « Total Recall : mémoires programmées ». Il était urgent que je me rafraîchisse la mémoire. Je n’acceptais pas mon présent. Il me fallait revenir dans le passé. Le jeune homme que j’étais en 1990. Retrouver mon identité ! Comme le personnage Douglas Quaid, je devais savoir pourquoi j’avais plus apprécié la version Paul Verhoeven. Il n’y a pas photo ! Le remake est très décevant. Certains parlent d’une mise à jour pour ne pas souffrir la comparaison avec Verhoeven. Je l’ai découvert il y a deux jours, enfin. Il aurait mieux valu m’éviter ce voyage surfait. Seuls les décors sont réussis et agréables à l’oeil. A cela s’ajoute l’univers géographique : le fait que tout se déroule entre l’hémisphère Nord, l’Union Fédérale Britannique et l’hémisphère Sud, les colonies, est très recevable. Le transport entre ces deux hémisphères nécessite de traverser le noyau terrestre. Original. C’est tout. Même si les premières séquences de la version 2012 sont calquées sur la version 1990, la suite ne me captive plus. Je reste à distance. Alors que Paul Verhoeven ne me lâche pas. On peut me dire que je suis sous influence du premier opus. Oui et non, car j’ai cette tare ou faculté, de ne pas tout retenir. Et quand je revois mes DVD, aussi étrange que cela puisse paraître, j’ai toujours plaisir à les (re) découvrir. Attention, je n’ai pas tout oublié. Il y a des films qui sont bien ancrés dans ma mémoire, mais il y a toujours des pertes qui me font encore plus apprécier le film puisque ces pertes sont synonymes de découvertes et renforcent mon attachement au film visionné. Quelque part, c’est une bonne chose, car n’étant pas de ceux qui visionne 100 fois tel ou tel film, ma mémoire n’est pas programmée ! Bref, en revoyant l’oeuvre de Paul Verhoeven, je me suis aperçu que ma mémoire ne m’avait pas fait défaut, toutefois, il était indispensable de revoir ce « Total Recall » de suite après la version de Len Wiseman. Son remake, ou mise à jour pour éviter de froisser, paraît être un compromis de l’oeuvre de Philipp K. Dick. Malheureusement, tout est convenu, classique et attendu. Même sa tentative de brouiller le spectateur dans la part du réel et du rêve est artificiel pour ne pas dire ratée. On n’y croit pas une seconde. A vouloir cocher que la case action, poursuite sur poursuite, baston sur baston et explosion sur explosion, le film surfe sur la vague du superficiel. Je reste à quai et attends que toute cette agitation se calme. Peine perdue. Faire de l’action pour de l’action ça ne fait pas un film bourré de rythme. C’est plutôt bourrin ! Trop d’action tue l’action car il n’y a plus de place pour le reste. Pour les personnages notamment ; aucune profondeur ; comme le film, ils sont superficiels. Des caricatures. Et surtout, le film est dénué d’humour. Total : aucune émotion. Alors qu’avec Paul Verhoeven associé à Arnold Schwarzenegger, l’émotion et l’humour sont au rendez-vous. L’humour de l’un et de l’autre est ancré dans leur filmographie. On peut toujours discuter des effets spéciaux, des décors. En le revoyant, je me pensais que l’univers de « Blade Runner », autre très grand film qui repose dans ma Dvéthèque, était plus réussi. « Total Recall » : je me surprenais à penser que les décors semblaient d’un autre temps ; ces décors tout en béton mariés à l’acier massif me faisaient penser à des vieux films noir et blanc de science-fiction où tout est épuré. Un brin kitsch. Je n’ai pas dit ringard. Et kitsch n’a rien de déshonorant. J’ai de vieux films qui ont leur charme dans la naïveté des combats ou des poursuites ou autres effets spéciaux. Ce n’est pas ça qui attise ma corde sensible, ce sont essentiellement les personnages et l’enjeu. J’ai lu que Paul Verhoeven n’avait pas apprécié le remake, il l’aurait qualifié de « mauvais » pour répondre à ceux qui avaient qualifié son film de « kitsch ou ringard ». Que Paul Verhoeven se rassure, si le film de Len Wiseman n’est pas à proprement parlé mauvais, il a réussi ce tour de force d’être ringard. Ce qui n’est pas du tout le cas de « Total Recall » 1990. Celui-ci prend le temps pour ces personnages, sait prendre du répit, et les rôles féminins sont plus valorisés, plus sexy. Le fait que l’action se situe sur Mars donne de la plus-value. A cela s’ajoutent une mise en scène efficace, travaillée et une musique de Jerry Goldsmith nettement plus prégnante que la version 2012. « Total Recall » est un film d’auteur, ce qui n’est pas du tout le cas pour la version « Mémoires programmées ». Len Wiseman s’est planté dans son programme. Un divertissement acceptable mais sans âme.