Le cinéma australien n'a, aux yeux du grand public, jamais été vraiment respecté, trop méconnu sans doute. Ca serait oublier trop rapidement que l'Australie a su nous livrer des artistes talentueux qui, pour certains sont devenus de vrais célébrités aussi bien du côté des acteurs (Nicole Kidman, Mel Gibson, Hugh Jackman, Naomi Watts...), que de réalisateurs et donc au passage d'œuvre aussi brillante comme Peter Weir (la nouvelle vague, truman show, le cercle des poêtes disparus), Russell Mulcahy (Razorback, Highlander) et bien sur le grand George Miller (la trilogie Mad Max). A cette liste il faut maintenant rajouter Greg McLean, jeune réalisateur talentueux qui a su se faire un nom dès son premier film Wolf Creek avant de confirmer avec son film de croco géant l'excellent Solitaire. Wolf Creek donc a fait de son réalisateur une star du cinéma d'horreur et autant dire que se n'est pas volé tant cette œuvre a de forte chance de rester dans les anales du cinéma horrifique, due à une réalisation intelligente, à des acteurs méconnus mais charismatiques et à un script manipulateur. Partant d'un pitch de base simpliste, 3 jeunes gens (2 filles et 1 garçon) partent en vacances dans le bush australien avant que leur voiture ne tombe en panne et qu'ils soient aidés par un homme en apparence gentil mais qui s'avérera être un serial killer redoutable. Une idée de base assez cliché, il faut bien l'avouer, mais que le réalisateur/scénariste dynamite de l'intérieur pour prendre le spectateur à contre pied. Mieux encore le faire rentrer dans l'action comme si il faisait partie de cette bande de potes et donc une victime potentielle. Le film est volontairement coupé en deux parties bien distingues (une longue introduction d'une heure) avant de tomber dans le cauchemar pur et simple. Une heure avant que le film d'horreur attendu ne commence? Oui, mais il ne faut pas voir en cela une simple volonté d'auteurisme mais un véritable outil narratif. Trop souvent dans la production d'horreur actuelle, les personnages ne sont pas développés, se sont même pour certains des personnages fonctions qui ne servent qu'a être des victimes supplémentaires, se qui réduit considérablement l'impact émotionnel des meurtres. Ici ce n'est pas le cas, bien au contraire. Le spectateur se surprend même à ne pas vouloir que l'horreur arrive tant on est bien en compagnie de ces trois lascars. On partage leur voyage, on rit avec eux on les surprend entrain de s'échanger des baisers fugaces avec toute la timidité que cela implique (à ce titre le baiser en question est l'un des plus beaux que le cinéma de genre nous ai donné). Et c'est cette immédiate proximité, cette affection qu'on leur porte qui va décupler les peurs et l'angoisse de la seconde partie. Loin de la surenchère de gore à la saw ou hostel, McLean distille une atmosphère poisseuse, malsaine et terriblement stressante. Pour une fois on ressent véritablement les doutes et les peurs des personnages. En outre le réalisateur s'amuse aussi de nos attentes en nous prenant constamment a contre pied grâce à une gestion du suspense admirable. Inspiré de faits réels qui rend le film encore plus réaliste, accentué par l'utilisation de la DV, Wolf Creek est un survival hardcore et tétanisant où aucun spectateur ne sera épargné même les fans de cinéma d'épouvante. Un film déstabilisant et traumatisant qui se pose d'emblé comme le digne héritier du cinéma des 70's Massacre à la tronçonneuse en tête. Comme référence/compliment avouez qu'il y a pire.