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velocio
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1,0
Publiée le 29 septembre 2006
A Cannes 2005, ce film s'appelait "l'ilot de fer" et il était présenté dans le cadre de la Quinzaine des Réalisateurs. C'est un film iranien de plus, avec tout ce que cela, malheureusement, signifie : un film à tous les coups plein de symboles dans lequel on passe son temps à rechercher ce que le réalisateur veut dire. Un bateau désaffecté (l'Iran ?) qui sert de refuge à de nombreuses familles (le peuple ianien ?) et sur lequel règne sans partage un capitaine très paternaliste qui prétend faire le bien (un ayatollah ?). Un personnage très sympa : un gamin qui remet à la mer les poissons qui se retrouvent piégés dans le bateau par la faute d'une fuite (la jeunesse, espoir de l'Iran ???). Tout ça ne m'a pas vraiment passionné. Toutefois l'honnêté me pousse à dire que la plupart des spectateurs cannois ont plutôt bien aimé ce film.
Bien, bien, bien... Tout d'abord, je tiens à préciser que je n'écris jamais de mauvaise critique considérant que l'absence de commentaire est la meilleur attitude à tenir face à un film sans intérêt. Deuxièmement, je me place dans le démenti de la critique précédente. Il est évoqué un symbolisme spécifiquement iranien : je ne crois pas. J'ai vu le rapport de pouvoir entre des villageois et leur chef : celui-ci est aimable et détestable à la fois. Dans un même temps, son implication est positive et négative à son entourage. Il les aide indéniablement en leur offrant un gîte et un travail, mais il les maintient sous sa coupe. Il n'a pas intérêt à les voir partir car ils font son pouvoir. Un peu comme le roi Saül, il a peur que s'échappe ses sujets et rapetisse son territoire. Le huit-clos, que Sartre a envisagé à trois, se déroule ici à trois cents. Il n'y a pas de loi venant du monde exterieur, non plus de représentant de la religion ou de l'état. Ce rapport de dominant à dominé, ce droit de vie et de mort sur ses sujets sont intemporels et universels. Reste le discour sur la liberté et il me vient à l'esprit une nouvelle de Lu Xun : L'idiot. Un esclave se plaint tour à tour à un age et à un ami que son logement n'a pas de fenêtre. Le sage l'écoute, et donne sa compassion. L'ami prend une masse et fait une ouverture dans le mur. Cependant, l'esclave, effrayé par la possibilité de prendre en main son futur, va attirer des ennuis sur celui qui l'a aidé. C'est pour avoir cru en la possibilité de changer radicalement le cour des choses que l'ami est appelé l'idiot.
Un superbe film où l'on comprend petit à petit ce qui se trame entre cette population qui investit un bateau, comme le ferait un village, et les tractations d'un chef. Puis on voit le chef, qui dirige à sa manière, contrôle, sans toutefois maitriser toutes les issues. L'école est remise en place, le médecin, l'imam, toute la structure villageoise se remet au travail. On assiste donc à la vie d'un village sur un bateau, avec cette intimité et se rapport homme/femme particulier. C'est surprenant, intriguant, et lorsque la population retourne sur terre, on imagine en arrière fond, les tourments du peuple iranien ou d'ailleurs.
J'ai réussi à me procurer le DVD de ce film sur un site de seconde main. C'est une belle réussite. On suit la vie de toute une communauté qui s'est installée sur un vieux cargo au milieu de l'eau. La vie est rude pour ces pauvres gens, et pourtant le réalisateur parvient à nous montrer les choses avec une certaine poésie. Nous voyons la dureté des traditions, avec ce jeune homme qui n'a pas le droit de fréquenter une jeune fille, et qui finit par subir de mauvais traitements. Quant à l'homme qui s'occupe du cargo et qui supervise tout ce qu'il s'y passe, on ne sait pas vraiment qui il est : veut-il véritablement aider ces pauvres gens ou bien tire-t-il profit de leur misère et de leur naïveté ?