Ce premier film d’Antony Cordier est une vraie découverte.
Un film sensible qui ne craint pas de traiter l’adolescence de front et même sur plusieurs fronts à la fois :
Celui de la sexualité, que le jeune héros croit sans tabous et à priori sans limites… première douche froide ! Il découvre que chacun, notamment en matière de sexualité, trimballe – comme tout le monde – son lot de blocages, de tabous, ses propres limites et qu’à vouloir tout connaitre et tout expérimenter, on peut parfois en sortir blessé…
Celui du sport (ici le judo) et de cette obligation de performance et de résultats qu’implique la compétition. Ce point est sans doute le mieux rendu et le plus intéressant du film. Deuxième douche froide ! La contrainte est telle qu’elle peut devenir une torture et avoir de graves conséquences sur la vie intime d’un adolescent en pleine recherche de lui-même…
Celui de l’amour adolescent brisé ou, en tous cas, modifié par l’âge adulte et la perte de nombreuses illusions de l’enfance. Nouvelle douche froide…
Celui, enfin de la famille et des difficultés de vivre en couple, d’élever des enfants, de survivre financièrement en France aujourd’hui, de l’alcoolisme, de la fin de la lutte des classes, de la peur du lendemain et des douches froides, au sens propre du terme, cette fois…
Le film, simple et pourtant très subtil, vaut surtout par le très beau portrait de cet adolescent magnifiquement interprété par Johan Libéreau qui irradie le film de son beau visage à la fois déterminé, frondeur et mystérieux.
On notera également la présence magnifique de la toujours géniale et sous employée Florence Thomassin.
On pourrait reprocher à Antony Cordier de ne pas aborder de front la supposée bisexualité des deux garçons, d’autant plus que celle-ci est souvent latente, Mais bon, c’est un détail et c’est bien le seul reproche que l’on pourrait faire à ce premier film séduisant, singulier et très réussi,qui a remporté un beau succès critique, amplement mérité. On