Couronné de prix et de nominations, sujet d'éloges par bon nombre de critiques, Douches froides incarne, malheureusement, l'échec intellectuel dans toute sa splendeur; sa plastique, ensorcelant le public, s'expose comme une oeuvre libérée de toute contrainte morale, mais dont le discours éculé est aussi archaïque qu'il n'est présomptueux. Pour son premier film, Antony Cordier nous parle de la lutte des classes. Édifice fragile, maintes fois repris, les clichés s'écoulent pour former une cascade d'âneries, pouvant par d'ailleurs se présenter ainsi. Une famille riche, les Perriers, viennent de s'installer dans un nouveau lieu de vie. Artificiel et froid d'un point de vue architectural, métaphore visuelle de la famille en tant que telle, la musique de Mozart accompagne les couloirs comme une nécessité de prestige et de rang social, mais pas pour l'art qu'il représente lui même; on s'aperçoit vite que cette existence bourgeoise se rapproche de ce que l'on appelle aujourd'hui une vie bling bling. De l'autre, il y a les Libéreau, une famille de banlieue plutôt pauvre qui connaît des soucis d'argent et dont le destin n'a rien d'idéal. Ces contraires vont fusionner dans un domaine, le sport. Ces corps mélangés à la sueur s'extirpent de toute hiérarchie sociale et le pauvre est à la même hauteur que le riche. L'élément organique est très important dans le long-métrage. Une scène de sexe à trois, soit disant sulfureuse, n'a pourtant rien de profondément intéressant à enrichir au propos. On sent qu'on aimerait nous interpeller. Mais diable, comment peut-on encore nous ennuyer aujourd'hui avec cette éternelle lutte des classes cachée par des métaphores assez transparentes pour qu'on les reconnaissent automatiquement ? Douches froides se veut engagé, il n'est qu'anachronique, se souhaite esthétique alors qu'il n'est que tape à l'oeil; se voulant un tantinet provocateur, le film n'est que pudeur et virginité comparé à l'avant-garde contemporain. Usant et fastidieux.