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Flavien Poncet
239 abonnés
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4,0
Publiée le 28 avril 2008
Didactique, le cinéma de Gus Van Sant ne l’est pas vraiment. Pourtant «The discipline of D.E.» (USA, 1982), court-métrage et premier film du cinéaste, se cale sur une rhétorique éducative pour élaborer un univers absurde où le monde se fait comédie aux dépens du corps. Née des mémoires d’un colonel ordonné, la méthode D.E. (Doing Easy) est appliquée en exemple sous le format d’une vie estudiantine. Gestes secs, allures sûres, confiance et persévérance sont les mots d’ordre qui guident la méthode. Sous des apparences pédagogiques, Van Sant entonne une ode au cinéma. Cette théorie du geste-exact-pour-une-vie-plus-facile est l’occasion pour le cinéaste de fabuler sur un réel fait comme un tournage de cinéma. «Si vous échouez… refaite une prise» déclare la voix off monocorde du film. Le réel se change en jeu, en matière gratuite. Un verre de lait se renverse, nous n’avons qu’à refaire le geste pour ne plus voir s’égoutter le liquide sur le tapis. Du cinéma il y a aussi des références plans par plans à «2001 : A space odyssey» et «My darling Clementine». Procédant à cette duplication, Van Sant préfigure déjà son expérience de «Psycho». Et s’il est de coutume de voir dans les premiers films d’un auteur, les axiomes de son art, il est cependant évident que la photographie du court a inspiré celle de «Mala Noche», premier long-métrage de Van Sant. Outre la cinéphilie évidente de l’œuvre, «D.E.» recèle une idée du burlesque que le cinéma moderne a digéré. Aux corps tout puissant de Keaton en conflit avec les objets, Van Sant fait un corps maladroit dont la lutte avec l’objet aurait été remportée par ce dernier. Tati enregistrait déjà cette lutte mais l’issue demeurait incertaine. Van Sant conclut. Où Keaton vainquait la matière du monde, où Tati s’emmêlait avec elle (cf. «Playtime»), Van Sant fait un héros qui se plie à sa volonté. Las de ce désengagement, les objets se rangent d’eux-mêmes, les boulettes de papier atterrissent d’elles seules dans les poubelles.
Réalisé semble t-il en 1978 et non en 1982, "The Discipline of D.E." est un des nombreux courts-métrages réalisés par Gus Van Sant dès 1967, alors âgé de 15 ans. La plupart sont difficilement trouvables à l'exception de celui-ci, comédie burlesque pince-sans-rire nous expliquant comment réussir parfaitement tous les petits gestes du quotidien comme si l'on était dans un film. Porté par une voix-off monocorde et didactique et un montage efficace, cette oeuvre de jeunesse est intelligente, bien écrite et amusante, bien qu'assez peu annonciatrice de la filmographie future de Van Sant.
Pourquoi se prendre la tète ? Do Easy. Tel est le sujet de ce format court en N&B, écrit et mis en scène par Gus Van Sant. Avec un humour narquois, le réalisateur Américain nous montre comment etre efficace en réalisant simplement les gestes de la vie quotidienne. Avec cette Comédie au final étonnant, prenez votre temps, suivez ses conseils, ne vous prenez pas les pieds dans le tapis, et régalez vous avec quelques scènes hilarantes.
J’ai étudié la Discipline du D.E (Do Easy) et ne peut que la recommander. “Never let a poorly executed sequence pass. It’s just like retaking a movie shot until you get it right.” (“Ne laisse jamais passer une séquence mal exécutée. C’est comme recommencer une prise de film jusqu’à ce que vous obteniez le bon résultat”. C'est génial. Toute une philosophie de vie basée sur l’importance du geste qui est contenue en 9 minutes (ou quelques pages chez Burroughs). Essentiel, et amusant.