Déjà vu est un bon petit suspens de Tony Scott, qui se regarde avec plaisir.
D’abord il s’appuie sur une interprétation très honorable. Denzel Washington nous joue un personnage sans grande surprise par rapport à ce qu’il a déjà pu jouer, notamment sous la direction de Scott, mais il est bien dans la peau de son personnage. Il est juste, convaincant, motivé, et livre une prestation tout à fait digne de son talent qu’il ne force pas. A ses cotés Val Kilmer trouve un petit rôle sans grande envergure, mais qui parvient néanmoins à marquer grâce à une interprétation probante. Pour parler encore des têtes d’affiche à noter un Caviezel un peu sous-exploité et un poil fade en méchant. La belle surprise vient de Paula Patton, qui tient tout à fait la barre et joue vraiment avec précision et volonté.
Alors le point sur lequel cherche à s’appuyer Déjà vu c’est bien entendu son scénario. Malheureusement là il y a quelques bugs. Dans l’ensemble le film est dynamique et maintien l’attention (sur 2 heure et quelque c’est une bonne chose), et la première partie est excellente. Elle décrit l’acte terroriste avec réalisme, et derrière l’enquête de Washington, bien que très chanceuse, est très sympathique à suivre. Cela se poursuit au moment de la découverte de la machine. Certes le film perd en crédibilité, mais d’un autre coté il gagne en originalité. Là aussi il y a de très bonnes choses, et le métrage ne manque pas de jouer avec les émotions de fort belle manière. Non, le vrai problème c’est lorsque Washington décide de revenir dans le passé. Là le film entre dans une terrible contradiction, dans l’incohérence. A force d’avoir complexifié son affaire, il finit par se perdre, et c’est très préjudiciable à une conclusion. Je ne veux pas trop entrer dans les détails pour ne pas révéler des éléments de l’intrigue, mais il est évident que tout ce que met en œuvre le personnage de Washington lors de son retour n’a aucun sens avec la conclusion choisie par Scott. Conclusion par ailleurs vraiment fade qui annihile clairement la portée qu’aurait pu avoir le film.
Visuellement le budget étant très correct et le réalisateur dans son élément c’est au point. Tony Scott abuse peut-être des effets de style, et il s’en donne à cœur joie via par exemple le fameux projet Blanche Neige. Malgré tout son efficacité est indéniable dans les scènes d’action, il y a des plans très travaillés qui font plaisir à voir, et mine de rien il y a un style propre au réalisateur. La photographie en revanche est assez laide. Elle est trop artificielle, on ne ressent pas l’atmosphère de la Nouvelle Orléans. Le seul bon point de ce coté là ce sont les quelques plans nocturnes très propres. Les décors de même sont un peu légers. J’ai eu le sentiment que l’environnement particulier de la Nouvelle Orléans était là aussi sous-exploité. Pour le reste Déjà vu réserve des scènes d’action tout à fait à la hauteur (bien que peu nombreuses), et une bande son dynamique et variée.
Au bout du compte Déjà vu est un divertissement très agréable. Je me suis longtemps dit que j’allais lui donner un 4.5 tant j’étais enthousiaste, en dépit d’un loupé sur l’ambiance de la Nouvelle Orléans. Cependant la dernière ligne droite n’est pas au niveau du reste, et je finis même par croire que le film aurait du s’arrêter au bout de 2 heures, plutôt que d’essayer par tout les moyens de seriner aux oreilles du spectateur une histoire hollywoodienne au possible, et s’emmêlant les pinceaux. Je tomberai donc à 3.5.