Si vous n’avez pas déjà vu "Déjà vu", sachez qu’il est bâti sur un concept très intéressant. Pourtant, l’entame du film est du grand classique déjà vu. On reconnait la patte de Tony Scott, avec une succession de points de vue différents, et on sent que quelque chose de grave va se passer. L’explosion d’un ferry provoque l’entrée en scène de Denzel Washington en flic de l’A.T.F. (acronyme de bureau de Alcohol, Tobacco, Firearms and Explosives). Quand on n’a pas pris connaissance du synopsis ni de la bande annonce, on pense se diriger vers un polar des plus classiques, pour suivre une enquête qui s’annonce difficile. C’est d’ailleurs ce qu’il se passe avec la découverte d’un cadavre, seulement c’était sans compter sur l’intelligence et l’expérience de Doug Carlin. Denzel Washington interprète à merveille l’arrogance de son personnage, sa relative insolence et la désinvolture de son attitude. Beaucoup de mots pour décrire un personnage alors que ces trois points vont souvent ensemble. Mais il a aussi un grand cœur, et c’est à cause de ça qu’on perd toute crédibilité dans le scénario. Parce que le monsieur, que rien ne semblait émouvoir en homme trop sûr de lui, tombe amoureux d’un cadavre féminin qui a passé un petit séjour dans l’eau ! Si, si ! Mais enfin, comment peut-on avoir un coup de foudre pour un macchabée ? Certes il peut arriver de dire d’un mort que ça avait l’air d’être une belle femme, ou un beau mec, mais… brrrr ! c’est ça, être nécrophage ? Parallèlement, l’enquête prend une nouvelle tournure grâce aux outils secret-défense du F.B.I., qui permet d’utiliser les images de vidéo surveillance sous un autre angle. Encore, là, pourquoi pas, et je trouve l’idée lumineuse ! Mais mon gros souci, parce qu’il y en a un, est qu’on parvient à avoir des images sur ce qui n’a pas été filmé ! Et ça ne choque personne, ça ? Moi si ! C’est donc à partir de ce moment-là que j’ai décroché, à cause de ce manque total de vraisemblance. On entre dans un dédale labyrinthique où des fenêtres temporelles vont être ouvertes dans le passé pour permettre au présent de vivre le passé et s’y mêler, faisant fi d’un sacré problème d’éthique. Je veux bien qu’on intègre de la science-fiction dans une telle enquête, mais ça ne passe pas chez moi. D’autant plus que l’enquête a tendance à se faire éclipser par la pseudo-romance. Quant à la fin du film, elle est incohérente car le passé a été changé, et donc fatalement le présent aussi… Il y aura donc forcément des conflits avec la présence de personnages et de leur double… Bref, il valait mieux s’arrêter là parce qu’on partait sur un concept sans fin. C'est pour cette raison que "Déjà vu" n’a pas de fin… et ce n’est pas la présence de l’immense Denzel Washington qui y change grand-chose. C’est même à mon sens son plus mauvais film (de ce que j’en connais de sa filmographie).