Guillaume Canet réuni sa propre Dream Team en vue de mettre en scène Ne le dit à personne, Thriller à l’américaine qui verra François Cluzet courir derrière l’ombre de sa femme disparue huit ans plus tôt, victime selon les dires, d’un tueur en série. Oui, un simple mail éveil en notre ami Alexandre, docteur de profession, le doute quant à la disparition dramatique de sa bienaimée. De là, tout le monde s’emballe, dans un imbroglio policier-criminel aboutissant à un final peu surprenant que l’on était en droit d’attendre. Du monde au casting, des gros sous à la production, pour simplement mettre en scène ce qui fût et qui l’est encore, le seul véritable thriller français du cinéma moderne, très moderne, comme je l’ai dit, à la mode américaine. Intrigue à rebondissements, à tiroirs, personnages torturés, action, bon flic, mauvais flic, tout y passe, sans compter la galerie de personnages de banlieues, les gentils méchants et les voyous.
Dans un univers parisien pour une fois pas trop chic, notre personnage principal cours après la morale, cours devant la police, à la poursuite d’une vérité cachée, camouflée, pas mauvaise dans l’intention mais alourdie par l’ensemble d’un film qui tire parfois sur le laborieux, surtout lorsque l’on parlera du personnage de Canet lui-même. En somme, le script est bon mais trop pompeux, trop haché, trop long. Coté mise en scène, là, Guillaume Canet brille de mille feux. Du crash sur le périf parisien, extraordinaire, à quelques gamelles douloureuses plutôt bien filmées en passant par une photographie toute hollywoodienne, Ne le dit à personne peut se targuer d’être un film soigneusement formaté pour le cinéma.
Coté casting, Cluzet est dans un registre qu’il semble apprécier, tout expressif qu’il est. L’acteur est accompagné d’un André Dussolier rageur, d’une Kristin Scott Tomas transparente, d’une Marie-José Croze indifférente, d’un Olivier Marchal crapuleux ou encore d’une François Berléans d’avantage louche que rigoureux dans son costume de bon flic. Bref, du monde, encore du monde, histoire de donner du poids, au Box-Office, à un film qui n’aura pas forcément eu besoin de tout ça.
Malgré tout, Ne le dit à personne, son accueil admirable auprès du public, ne m’aura pas convaincu outre mesure. Lourd, très français dans l’interprétation, un défaut, s’il en est, qui rapproche d’avantage les personnages du théâtre que du cinéma du 21ème siècle vient finir de plomber l’ambiance qui n’est pas celle insufflée par notamment David Fincher, le savoir-faire américain oblige. Quoiqu’il en soit, Canet aura su montrer ses talents de bon élève, sans succès depuis lui permettant maintenant de travailler Outre-Atlantique. Affaire à suivre. 11/20