Quand Guillaume Canet s’essaie au poste de réalisateur, qu’est-ce que ça donne ? Quatre ans avant le réussi « Les petits mouchoirs », l’acteur/réalisateur/dialoguiste/scénariste récidive avec une adaptation du roman « Ne le dis à personne ». En plus de s’octroyer un rôle mineur et pourtant essentiel, Canet est sur tous les fronts. Sa mise en scène est maîtrisée, il n’y a rien à redire. Il en va de même pour la photographie ensoleillée qui est toujours travaillée. Si le jeune réalisateur a de mauvais goûts musicaux il le cache bien, car pour « Ne le dis à personne » il n’a sélectionné que du bon son. En plus d’avoir demandé à –M- de participer au générique de fin, Guillaume Canet utilise la magnifique "With or without you" des U2 dans ce qui est probablement l’un des deux plus beaux moments de cette histoire (avec les toutes dernières images). Quant au rythme de l’œuvre, quoiqu’en disent certains anti-films français, il est aussi bon que dans tout thriller venant d’outre-Atlantique. Aucun temps mort pour n’est là pour risquer de perdre le spectateur en route. Tellement mystérieuse que l’on ne veut pas en perdre une miette de peur de rater une piste de réponse, l’intrigue adaptée d’un roman de Harlan Coben, auteur à succès américain, est haletante. En revanche, le dernier quart du film est alourdi par un final mollasson où les révélations s’enchaînent autour d’une table. Ainsi, les éléments de réponses aux nombreuses interrogations posées surviennent tous au même moment. Les graduer aurait rendu l’œuvre plus égale entre action et réflexion. Une flopée de prix reçu, aucun volé. François Cluzet, récompensé par un César en 2007, se voit offrir un premier rôle intéressant : celui d’un homme visiblement sans faille mais dont tout le monde doute. Lui est convaincu de ses opinions. L’acteur est convaincant et toujours naturel face aux situations de plus en plus folles vécues par son personnage. Au fil de l’œuvre, on remarque de plus en plus de visages connus en plus de la tête d’affiche François Cluzet. Guillaume Canet réunit dans sa réalisation une grande partie de ses célèbres amis. Arrivent en tête : André Dussolier, Jean Rochefort, François Berléans, Nathalie Baye, Gilles Lellouche, Marina Hands, Jalil Lespert, Anne Marivin ou même Laurent Laffite et Maxim Nucci. Parfois même pour de simples apparitions anecdotiques, chacun joue le jeu pour faire partie de l’aventure. Kristin Scott Thomas est resplendissante. Savoir qu’elle se retire du cinéma est vraiment regrettable. Elle manquera beaucoup aux productions françaises, américaines ou autres. En espérant qu’elle changera rapidement d’avis et qu’elle reviendra nous émerveiller sur grand écran.