La dette des pays africains est une absurdité économique dénoncée par de nombreuses organisations dont "Dropthedebt", fondée par Bono, chanteur des U2, qui préconise l'annulation pure et simple de la dette. En 2001, l'Afrique devait encore s'acquitter chaque mois de 200 millions de dollars pour payer sa dette.
Le réalisateur de Djourou une corde à ton cou témoigne : "Il y a une spirale infernale qui s'est mise en place ; on a fini par prêter de l'argent pour rembourser la dette en faisant ainsi d'autres dettes. Le fond monétaire international a un principe : on n'annule aucune dette multilatérale. (...) On peut reporter des échéances mais on n'annule que très rarement, de gré à gré, entre les pays. On vient par exemple d'annuler une grosse partie de la dette de l'Irak.La dette irakienne à elle toute seule est nettement plus importante que celle de tous les pays de l'Afrique sub-saharienne réunis. Mais pour que l'Irak puisse développer son industrie pétrolière au plus vite, on fait annuler cette dette (...) pour faciliter l'accès des multinationales notamment américaine (...). Au Mali, il n'y a pas de pétrole..."
Contrairement à l'idée généralement admise, l'aide économique à l'Afrique dans les années 70 et 80 apportée par les Etats-Unis n'avait rien d'un don. Il s'agissait d'un prêt. Comme le réalisateur l'explique dans le documentaire, au début des années 80 la crise financière aux Etats-Unis a poussé les dirigeants à augmenter les taux d'intérêts déjà élevés, passant en quelques années de 7 à 12%. En 1985, la dette du Mali atteignait 1,5 milliards de dollars.C'est pourquoi dans Djourou une corde à ton cou, Olivier Zuchuat propose l'idée du don sans contrepartie, en s'appuyant sur les théories des philosophes Jacques Derrida et Jean-Luc Marion.
Physicien de formation puis metteur en scène au théâtre, Olivier Zuchuat signe là son deuxième film, il nous explique ce qui l'a inspiré :"Je suis parti au Mali avec ma compagne qui réalisait un film sur la chanteuse malienne Mah Damba. Pendant le tournage de ce film, je me suis rendu compte de l'étendue de la crise de la dette qui sévit en Afrique. De là est née l'idée de ce film."
Djourou une corde à ton cou a été primé à Montréal au Festival Vues d'Afrique, il a réçu la mention spéciale du Jury.
Le réalisateur justifie ses choix de mise en scène : "Quelle esthétique donner à un film qui traite d'économie, d'une idée aussi complexe et inextricable que la dette internationale. Ce film est construit comme une méditation, celle de quelqu'un qui arpente le pays, et observe patiemment, un peu en retrait. (...) Il ne s'agissait donc pas d'illustrer les réflexions proposées "à haute voix", mais de proposer en regard de mes interrogations des images pour que tout cela "travaille à l'écran"... Dissociation des images et du son."