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Jo D
28 abonnés
133 critiques
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2,0
Publiée le 1 octobre 2012
Une ambiance parisienne assez noire et très bien reconstituée dans cette ère à cheval entre occupation et libération. "Les portes de la nuit" retrace le destin de plusieurs personnages, dont Jean Vilar alias "le destin" en est la plaque tournante et le fil rouge. L'ensemble du film reste assez ennuyeux et ne m'a pas emporté plus que ça. Le chaos final, cher à notre Marcel Carné national, donne un peu de sens à l'ensemble de l'oeuvre et permet de rendre le tout acceptable. Malheureusement le casting haut de gamme (dont Pierre Brasseur et Yves Montand) n'est pas arrivé à sauver ce film et à lui donner un intérêt ne serait-ce que minimal. François Truffaut avait à l'époque requalifié ce film "Les portes de l'ennui", j'avoue que l'idée m'est aussi passée par la tête...
Entre collabos, exploiteurs du peuple, travailleurs laborieux, existentialistes et résignés les portes de la nuit pansent les plaies d’un Paris d’après guerre imprégné localement d’une peur de l’autre et d’un fantastique décalé répandu par un prédicateur insensible, omniprésent tentant de relancer la machine des sentiments en imposant à une faune en perte de repères propos soudains et inquiétants.
Les cibles sont dévisagées, approchées, effleurées. Les destinées sont distribuées dans les bars, sous le métro, dans les restaurants par un prophète au regard vague articulé par la parole divine.
Les prédictions bien souvent dramatiques parsemant le trajet de ces oisifs en mal de vivre alors que tout est à reconstruire sont brutales et sans sommations.
Préalablement conçu pour Marlène Dietrich à laquelle Nathalie Nattier ressemble étonnamment et Jean Gabin les portes de la nuit magnifique danse sensitive entre des pantins articulés par un maître de jeu prophétique débitant un verbe ne semblant pas être perçu reste globalement accablant d’ennui.
Le climat irréel, pessimiste est sombre cher au cinéaste s’éxécute dans un parcours lancinant faisant lentement abaisser les paupières. Cet opus déprimant s’aligne sur une manière de faire personnelle mettant en valeur les destinées tragiques de personnages accablés de négatifs dans un environnement ne faisant qu’encourager les débordements.
Bavard, constellé de scènes inutiles « Les portes de la nuit » ne sont pas la bonne adresse pour quérir joies et bonne humeur. Tout n’est qu’une respiration humaine effondrée par la néantisation d’entreprendre.
L’instable et le larmoiement ont pignon sur rues dans un avenir imposé par le destin que l’homme en plein désastre ne peut envisager par lui-même. Les feuilles mortes ce sont ces êtres improductifs rongés par leurs fatalismes.
Mention spéciale dans ce petit naufrage à Jean Vilar, le destin qui par son regard halluciné rappelle l’extra terrestre Robert le Vigan.
Hiver 1945 à Paris. Plusieurs destins se jouent et se croisent le temps d’une nuit dans les quartiers du métro Barbès, des canaux de l’Ourq ou St Martin : Un homme (marin aventurier) venu annoncer à une femme que son mari a été exécuté par les nazis (mais celui-ci cheminot communiste est bien vivant et arrive à ce moment) va rencontrer « la plus belle femme du monde »; Un petit bourgeois pétainiste, propriétaire d’un chantier de démolition et revendeur de bois de chauffage, son fils petite frappe collabo, sa fille chanteuse internationale à succès qui quitte son mari homme d'affaires en revenant dans le quartier de son enfance ; la nombreuse famille Quinquina et son ainée qui rencontre l’amour, tout cela orchestré par Le Destin aux allures de clochard… Film de réalisme poétique très inégal : Au plan des réussites on note la superbe réalisation (avec une reconstitution impressionnante de l’ambiance des quartiers populaires de Paris à la fin de la guerre, un magnifique jeu de noir et blanc, d’ombres et de lumière) et l’interprétation de certains rôles secondaires (Jean Vilar en Destin, Saturnin Fabre en pétainiste affairiste, Carette en père de famille nombreuse, Reggiani en jeune collabo). Mais le film est plombé par le choix et le jeu des acteurs principaux, notamment Y Montand catastrophique dans son premier film et qui n’a pas pour ce rôle la carrure de Jean Gabin initialement prévu. Film à voir comme témoignage de l’ambiance en cette période de la libération : Reconstitution de quartiers populaires et de la condition de vie de gens modestes, règlements de comptes entre ceux qui avaient profité de l’occupation et ceux qui en avaient souffert…
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4,0
Publiée le 30 novembre 2011
Certains considèrent que "Les portes de la nuit" constitue le chant du cygne du rèalisme poètique! C'est absolument vrai car il s'agit d'un drame psychologique et fèerique, qui fut èreintè avec beaucoup d'injustice par la critique, au moment de sa sortie! L'histoire se passe dans le Paris de la libèration, qui nous est montrè avec un souci constant d'authenticitè! Un ouvrier et une femme qu'il vient de rencontrer ("la plus belle femme du monde") sont poursuivis par le mari de cette dernière et par un ancien milicien avec une distribution exceptionnelle dont Yves Montand dans le rôle de l'ouvrier, Nathalie Nattier dans celui de la femme, Pierre Brasseur dans celui du mari et Serge Reggiani dans celui du milicien! Des acteurs qui sont encore prèsents dans tous les esprits avec l'un des meilleurs musiciens à vocation populaire, Joseph Kosma, qui a travaillè de façon très heureuse dans ce grand classique de Marcel Carnè! Un incontournable dont la rèussite tient autant au scènariste (Jacques Prèvert) qu’au rèalisateur (Carnè), au chef opèrateur et au dècorateur...
Le réalisme poétique est généralement porteur d’une vision pessimiste des choses, c’est particulièrement flagrant avec « Les portes de la nuit », qui dresse un tableau particulièrement désenchantée de la Libération (période qui se prêtait pourtant à l’espoir et la glorification) avec sa misère matérielle, les douleurs inguérissables héritées de l’occupation, les règlements de comptes inévitables. La reconstitution de la vie de gens modestes, dans le quartier de Barbès (quand on vit près du quartier on est vraiment admiratif devant la manière dont est animé la station Barbès Rochechouart) est très attachante. La composante fantastique ou merveilleuse est réduit à sa plus simple expression : un personnage allégorique de clochard extralucide personnifiant le destin. Le porteur typique d’un thème cher à Prévert, celui de la fatalité. Le réalisme poétique tardif prend une nouvelle force dans son dépouillement même.
Yves Montand illumine cette nuit ou bien des portes s'ouvre pour y découvrir la beauté, et une beauté qui s'évapore, la beauté dans sa splendeur qui tout à coup s'éteint. Superbe prestations des acteurs, notamment le personnage qui se dit être le "destin" que joue Jean Vilar profond et complexe, purement un régal.
Dans sa tradition de cinéma teinté de fatalisme, Marcel Carné nous dépeint ici un Paris très sombre se relevant difficilement du traumatisme très dur de l'occupation. Or, si les situations sont particulièrement pessimistes, le scénario brillamment écrit par Jacques Prévert nous permet d'assister à une œuvre aussi réaliste que lyrique accompagnée de quelques répliques amusantes, principalement à travers le personnage de Pierre Brasseur.
Pas exceptionnel, malgré la présence de 3 grands acteurs. On a tendance à s'ennuyer un peu. Montand est parfois franchement médiocre. Seul Reggiani est vraiment convaincant.
Malgré des faiblesses de scénario notamment vers la fin du film et une interprétation de Montand pas très convaincante, ce film est une belle oeuvre grâce au dialogue de Prévert et à de très beaux décors qui donnent un côté irréel au film qui parle pourtant d'un sujet d'actualité à l'époque du film : la collaboration.
Chef-d'oeuvre pour les uns, film raté pour les autres, maudit pour certains, une chose est sûre, les "Portes de la nuit" ne laisse pas indifférent. Et pour cause, une fois encore, la collaboration Carné-Prévert marche une fois encore. Sans atteindre les sommets, ces "Portes de la nuit" n'en demeure toutefois inoubliable. ne serait-ce que pour ces "Feuilles mortes" composées spécialement pour le film, pour le premier grand rôle de Montand, ou pour l'interprétation divine et hors du commun d'un Jean Vilar littéralement habité par son rôle de clochard prophétique. Un très beau moment de cinéma malgré les facilités d'un scénario qui aurait pu être plus étoffé.
Pour la dernière collaboration de Carné avec Prévert, «Les Portes de la nuit» (France, 1946) de Marcel Carné filme une France meurtrie, inscrite dans la tradition mélancolique de Carné. Sous une musique de Joseph Kosma qui porte l’œuvre jusque dans les cimes du désespoir, Carné et Prévert prouve que leur cinéma s’est toujours contenté d’être davantage poétique que réaliste. Sous les couverts d’un chant désespéré pour une France meurtrie par l’Occupation et la délation, le film révèle une poétique du destin. Croire au sort de la vie, c’est désengager le rôle qu’ont eu les collaborateurs. De ce postulat, le film de Carné ne vaudrait rien de plus qu’être perçu comme une ignominie. Or Carné peint un destin incapable et faillible, dépassé par la malveillance des collaborateurs. La perte d’une foi que le cinéaste illustre depuis «Le Quai des brumes» et que «Les Portes de la nuit» remet en contexte témoigne du mal qui ronge la société française. L’apparence que prend le Paris tourmenté de Carné et Prévert mêle les décors naturels, qui feront grandement lieux dans «L’Air de Paris», et les décors d’Alexandre Trauner fait de «Les Portes de la nuit» le passage à témoin d’une période poétique de Carné (celle avec Prévert) à sa période réaliste. Paris, personnage favoris de Carné, devient le terrain de jeu d’un fantastique commun. Les personnages du film, parangons des survivants de l’Occupation, se croisent dans les rues de Paris selon les schémas de la Fortune, incarnée par Jean Vilar. Ce grand homme de théâtre à l’interprétation impassible revêt la paralysie de la fatalité. Nietzche eût prononcé en 1883 la mort de Dieu, Carné met en scène cette mort, rend évident la totale responsabilité des êtres humains. Quelque soit l’appréciation qu’on puisse avoir de l’interprétation des acteurs, Carné et Prévert ont la force de faire une œuvre lucide. Dans le cadre du cinéma de Carné, «Les Portes de la nuit» ne révolutionne rien en revanche sinon procède au systématisme du pessimisme.
Dernier film de la collaboration entre Carné et Prévert, c'est le film qui fit découvrir Yves Montand. Un film injustement critiqué lors de sa sortie en 1946 puisqu'il ose parler de la collaboration à la sortie de la Seconde Guerre Mondiale. C'est pour ce film que fut composée la chanson "Les feuilles mortes". Ce film est donc incontournable.