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In Ciné Veritas
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3,5
Publiée le 18 janvier 2018
Marcel Carné à la réalisation, Jacques Prévert au scénario, Joseph Kosma à la musique, Alexandre Tauner aux décors, Philippe Agostini à la photographie et une belle distribution de seconds rôles, tel peut être le résumé de la fiche signalétique des Portes de la nuit. Tourné en 1946 et abordant avec noirceur et pessimisme des thèmes encore trop actuels, ce film fut incompris et rejeté par la critique lors de sa sortie en salle. Il aurait été un succès s’il avait été réalisé quelques années plus tard et mérite d’être redécouvert. Critique complète sur incineveritasblog.wordpress.com
Pour la dernière collaboration de Carné avec Prévert, «Les Portes de la nuit» (France, 1946) de Marcel Carné filme une France meurtrie, inscrite dans la tradition mélancolique de Carné. Sous une musique de Joseph Kosma qui porte l’œuvre jusque dans les cimes du désespoir, Carné et Prévert prouve que leur cinéma s’est toujours contenté d’être davantage poétique que réaliste. Sous les couverts d’un chant désespéré pour une France meurtrie par l’Occupation et la délation, le film révèle une poétique du destin. Croire au sort de la vie, c’est désengager le rôle qu’ont eu les collaborateurs. De ce postulat, le film de Carné ne vaudrait rien de plus qu’être perçu comme une ignominie. Or Carné peint un destin incapable et faillible, dépassé par la malveillance des collaborateurs. La perte d’une foi que le cinéaste illustre depuis «Le Quai des brumes» et que «Les Portes de la nuit» remet en contexte témoigne du mal qui ronge la société française. L’apparence que prend le Paris tourmenté de Carné et Prévert mêle les décors naturels, qui feront grandement lieux dans «L’Air de Paris», et les décors d’Alexandre Trauner fait de «Les Portes de la nuit» le passage à témoin d’une période poétique de Carné (celle avec Prévert) à sa période réaliste. Paris, personnage favoris de Carné, devient le terrain de jeu d’un fantastique commun. Les personnages du film, parangons des survivants de l’Occupation, se croisent dans les rues de Paris selon les schémas de la Fortune, incarnée par Jean Vilar. Ce grand homme de théâtre à l’interprétation impassible revêt la paralysie de la fatalité. Nietzche eût prononcé en 1883 la mort de Dieu, Carné met en scène cette mort, rend évident la totale responsabilité des êtres humains. Quelque soit l’appréciation qu’on puisse avoir de l’interprétation des acteurs, Carné et Prévert ont la force de faire une œuvre lucide. Dans le cadre du cinéma de Carné, «Les Portes de la nuit» ne révolutionne rien en revanche sinon procède au systématisme du pessimisme.
magnifique film de marcel carné avec prévert aux dialogues et kosma pour une musique qui deviendra éternelle ,le film n,avait pas du tout marché a sa sortie,trop noir,les français venaient de sortir de la guerre ils voulaient oublié n,en reste néanmoins un film sensationnel avec malgré quelques longueurs
Entre collabos, exploiteurs du peuple, travailleurs laborieux, existentialistes et résignés les portes de la nuit pansent les plaies d’un Paris d’après guerre imprégné localement d’une peur de l’autre et d’un fantastique décalé répandu par un prédicateur insensible, omniprésent tentant de relancer la machine des sentiments en imposant à une faune en perte de repères propos soudains et inquiétants.
Les cibles sont dévisagées, approchées, effleurées. Les destinées sont distribuées dans les bars, sous le métro, dans les restaurants par un prophète au regard vague articulé par la parole divine.
Les prédictions bien souvent dramatiques parsemant le trajet de ces oisifs en mal de vivre alors que tout est à reconstruire sont brutales et sans sommations.
Préalablement conçu pour Marlène Dietrich à laquelle Nathalie Nattier ressemble étonnamment et Jean Gabin les portes de la nuit magnifique danse sensitive entre des pantins articulés par un maître de jeu prophétique débitant un verbe ne semblant pas être perçu reste globalement accablant d’ennui.
Le climat irréel, pessimiste est sombre cher au cinéaste s’éxécute dans un parcours lancinant faisant lentement abaisser les paupières. Cet opus déprimant s’aligne sur une manière de faire personnelle mettant en valeur les destinées tragiques de personnages accablés de négatifs dans un environnement ne faisant qu’encourager les débordements.
Bavard, constellé de scènes inutiles « Les portes de la nuit » ne sont pas la bonne adresse pour quérir joies et bonne humeur. Tout n’est qu’une respiration humaine effondrée par la néantisation d’entreprendre.
L’instable et le larmoiement ont pignon sur rues dans un avenir imposé par le destin que l’homme en plein désastre ne peut envisager par lui-même. Les feuilles mortes ce sont ces êtres improductifs rongés par leurs fatalismes.
Mention spéciale dans ce petit naufrage à Jean Vilar, le destin qui par son regard halluciné rappelle l’extra terrestre Robert le Vigan.
D'entrée, le narrateur nous fait part du désenchantement de Paris, passée l'exaltation de la Libération. Sur le bonheur de l'été est retombée la nuit. C'est dans cette nuit oppressante que Carné et Prévert ont puisé les personnages de ce drame. Ces noctambules se croisent, s'aiment ou règlent des comptes, dans la brume et l'humidité, en attendant le retour métaphorique du jour. Le Film de Marcel Carné est un film complexe, ou plutôt multiple. Polémique par l'opposition entre anciens résistants et anciens collabos, sentimental par l'histoire d'amour naissante entre Yves Montand et Nathalie Nattier, merveilleux par le caractère irréaliste de cet amour, drôle par ses personnages fantaisistes, douloureux par la mort au bout de la nuit...La variété des tons rejoint celle des protagonistes. Il pèse sur le quartier de Barbès une atmosphère lourde et une indicible détresse en cette nuit où le destin de chacun sera bouleversé. Le destin, Prévert le personnalise sous les traits inquiétants de Jean Vilar, annonciateur désespérant de drame. Ce compromis de réalisme social et de poésie pessimiste prouve, une fois de plus, dans cette troublante histoire, le talent conjugué de Carné et Prévert (et Trauner). Les comédiens sont formidables (quel plaisir de rencontrer Carette et Saturnin Fabre!) et la musique célèbre de Joseph Kosma achève de nous charmer.
Dans sa tradition de cinéma teinté de fatalisme, Marcel Carné nous dépeint ici un Paris très sombre se relevant difficilement du traumatisme très dur de l'occupation. Or, si les situations sont particulièrement pessimistes, le scénario brillamment écrit par Jacques Prévert nous permet d'assister à une œuvre aussi réaliste que lyrique accompagnée de quelques répliques amusantes, principalement à travers le personnage de Pierre Brasseur.
Carné et Prévert forment une association mythique s'il en est, mais ne sont pas pour autant exempts de tout reproche. Les portes de la Nuit est ainsi un drame sur l'errance de gens sans avenir (amoureux ou personnel) soigneusement monté en épingle, mais qui finit par se déliter poussivement, du fait d'une absence quasi totale de tension et d'un jeu d'acteurs un peu limité hélas par le style. Reggiani est formidable en petit mec crâneur et finalement bien faible, et de manière globale les interprètes masculins sont plutôt à la noce. On n'en dira pas autant de leurs consœurs, lesquelles sont à mon sens bien mal servies. Le film demeure aussi intéressant pour sa peinture très précise du Paris d'après-guerre.Sans être inoubliable, c'est un film à voir.
Malgré des faiblesses de scénario notamment vers la fin du film et une interprétation de Montand pas très convaincante, ce film est une belle oeuvre grâce au dialogue de Prévert et à de très beaux décors qui donnent un côté irréel au film qui parle pourtant d'un sujet d'actualité à l'époque du film : la collaboration.
Chef-d'oeuvre pour les uns, film raté pour les autres, maudit pour certains, une chose est sûre, les "Portes de la nuit" ne laisse pas indifférent. Et pour cause, une fois encore, la collaboration Carné-Prévert marche une fois encore. Sans atteindre les sommets, ces "Portes de la nuit" n'en demeure toutefois inoubliable. ne serait-ce que pour ces "Feuilles mortes" composées spécialement pour le film, pour le premier grand rôle de Montand, ou pour l'interprétation divine et hors du commun d'un Jean Vilar littéralement habité par son rôle de clochard prophétique. Un très beau moment de cinéma malgré les facilités d'un scénario qui aurait pu être plus étoffé.
Un peu brouillon, un peu mièvre, un peu trop de mots d'auteurs (ce à quoi échappe Prévert d'habitude) mais le film reste captivant, ensorcelant quand la musique s'y met (la chanson: Les feuilles mortes replacée dans le contexte du film n'a jamais été aussi belle) . La trouvaille du Destin en vagabond est une perle. Reggiani en salaud est crédible. Montand n'arrive pas à monter très haut. Cet univers glauque, éclaté est parfois d'une justesse étonnante dans la description des salauds et des collabos. Pour un Québécois, 75 ans après, tout n'est pas compréhensible et l'argot perdu n'y aide pas. La prise de son est parfois lamentable (comme dans bien des films français) surtout quand il s'agit de capter la horde des enfants où on peine à savoir et à comprendre ce qu'ils disent. À voir pour ce charme indéfinissable qui rend Carné et Prévert uniques même quand les portes ne s'ouvrent pas sur le Paradis!
S'inscrivant pleinement dans la lignée des drames poétiques qui ont fait la renommée de son auteur, « Les Portes de la nuit » est peut-être aujourd'hui l'une des plus belles réussites de Marcel Carné, ayant très peu vieilli et bercé par une mélancolie aussi troublante qu'émouvante. La collaboration Carné - Prévert prend pourtant ici une tournure plus onirique que de coutume, presque fantastique, mais les deux hommes trouvent un équilibre quasi-miraculeux pour offrir à cette histoire d'amour tragique une beauté, une douceur la rendant encore plus belle. Ce n'est toutefois que l'un des aspects d'une œuvre aux nombreux personnages, tous remarquablement interprétés et souvent forts d'une complexité, voire d'une ambiguïté (La Seconde Guerre mondiale venait de finir) vraiment audacieuse pour l'époque, les deux hommes semblant vouloir régler leur compte aussi bien aux collabos « purs et durs » qu'aux pseudo-résistants de mai 45, comme en témoigne quelques scènes particulièrement remarquables. Après c'est un peu lent, et peut-être le film aurait-il gagné à enlever quelques minutes par-ci par-là, toujours est-il que sa dimension lyrique et sa beauté viennent asseoir le statut de géant du cinéma français de l'auteur des « Enfants du Paradis » : une réussite.
Hiver 1945 à Paris. Plusieurs destins se jouent et se croisent le temps d’une nuit dans les quartiers du métro Barbès, des canaux de l’Ourq ou St Martin : Un homme (marin aventurier) venu annoncer à une femme que son mari a été exécuté par les nazis (mais celui-ci cheminot communiste est bien vivant et arrive à ce moment) va rencontrer « la plus belle femme du monde »; Un petit bourgeois pétainiste, propriétaire d’un chantier de démolition et revendeur de bois de chauffage, son fils petite frappe collabo, sa fille chanteuse internationale à succès qui quitte son mari homme d'affaires en revenant dans le quartier de son enfance ; la nombreuse famille Quinquina et son ainée qui rencontre l’amour, tout cela orchestré par Le Destin aux allures de clochard… Film de réalisme poétique très inégal : Au plan des réussites on note la superbe réalisation (avec une reconstitution impressionnante de l’ambiance des quartiers populaires de Paris à la fin de la guerre, un magnifique jeu de noir et blanc, d’ombres et de lumière) et l’interprétation de certains rôles secondaires (Jean Vilar en Destin, Saturnin Fabre en pétainiste affairiste, Carette en père de famille nombreuse, Reggiani en jeune collabo). Mais le film est plombé par le choix et le jeu des acteurs principaux, notamment Y Montand catastrophique dans son premier film et qui n’a pas pour ce rôle la carrure de Jean Gabin initialement prévu. Film à voir comme témoignage de l’ambiance en cette période de la libération : Reconstitution de quartiers populaires et de la condition de vie de gens modestes, règlements de comptes entre ceux qui avaient profité de l’occupation et ceux qui en avaient souffert…
Réalisé tout juste après la Seconde Guerre mondiale, ce film a souffert des problèmes de casting. Jean Gabin et Marlène Dietrich avaient été présentis pour les deux rôles principaux mais le couple s'est rétracté au dernier moment, ce qui a contraint Marcel Carné à jeter son dévolu sur deux jeunes acteurs sans expérience, à cette époque, Yves montant et Nathalie Nattier. Malgré cela, on ne peut pas dire que le film soit mauvais bien au contraire. Les décors d'Alexandre Trauner sont remarquables. Le Paris d'après-guerre est magnifiquement restitué et ceux-ci contribuent beaucoup à la réussite du film. Si les rôles principaux ne sont peut-être pas les plus convaincant, les seconds rôles sont, eux, très réussis (Pierre Brasseur, Saturnin Fabre, Carette, etc...). Les Portes de la Nuit n'est sûrement pas le film de Carné le plus abouti mais il n'est pas non plus sans qualités. Alors lancez-vous !