"99 Francs" est purement le film dont on sort sans trop savoir quoi en penser. L'exercice d'écrire une critique permet donc de s'y repencher et d'approfondir sa pensée, de chercher au fond de soi ce qu'on a ressenti et ce qu'on a pensé. Comment on a vécu le film avec les tripes et comment on l'a vécu avec le cerveau.
Comment l'ai-je vécu avec les tripes ? Eh bien, c'est assez contradictoire. "99 Francs" m'a scotché, du début à la fin, dans une sorte de "je t'aime moi non plus", un jeu d'attraction et de répulsion : à la fois j'y ai décelé un certain talent de montage, du courage, des prises de risques et une véritable démarche artistique mais aussi des ratés, du foutraque, une volonté de mettre trop de choses en un film et finalement, les prises de risques artistiques diluent le message au point de mettre beaucoup d'eau dans leur vin sur la fin.
"99 Francs" est donc une expérience de cinéma. On ne peut pas lui enlever cela. En revanche, il risque de perdre plus d'un spectateur sur la forme. Mais qu'en est-il du fond ? Là encore, c'est contradictoire.
Comment l'ai-je vécu avec le cerveau ? Eh bien, le message semble intéressant : s'attaquer à la société de consommation par le biais de la pub, cela a déjà été fait mais dans ce cas précis, le film (et probablement le roman avant lui) propose une vision propre, assez sombre, totalement cynique et très pessimiste de l'être humain et de la société dans laquelle il vit.
Cependant, ce message n'est pas si révolutionnaire que cela : "99 Francs" s'amuse des ressorts des publicitaires mais ne bouscule pas plus que cela l'édifice. L'oeuvre est contestataire, certes, mais elle se retient souvent (passé la première heure pour être précis).
Cela est probablement dû au fait que le personnage principal soit finalement peu crédible car ses traits de caractère sont extrêmement exagérés. Si le personnage ne fait pas réaliste, la critique perd elle aussi en crédibilité.
Cela dit, arrêtons d'être objectifs et soyons subjectifs : certes, le film a ses défauts, certes, la critique n'est pas des plus virulentes, mais ce film est une bouffée d'air frais dans un univers cinématrographique français bien trop formaté ! C'est une véritable audace dont ont fait preuve à la fois le réalisateur (Jan Kounen), les scénaristes (Nicolas & Bruno), l'auteur à la base du roman (Frédéric Beigbeder) et les producteurs et cela mérite d'être souligné et loué.
Le film n'est certes pas parfait mais les 1h40 sont très vite passées. C'est (presque) l'essentiel.