A Bittersweet Life est un film en bien des points exemplaires; pas parfait, mais véritablement exemplaire. Des seuls films de Kim Jee Woon que j'ai pu voir, ce n'est clairement pas le meilleur, mais le métrage demeure en marge des autres productions du genre. Film particulier autant qu'unique, l'oeuvre du grand artiste surprend autant qu'elle touche, pour un résultat sinon touchant, d'autant plus efficace que le bonhomme est un maître en la matière. Porté par des acteurs talentueux et largement à la hauteur de leur rôle, le résultat final est assez saisissant. Entre un bad guy intransigeant et un héros tiraillé, il y en aura pour tous les goûts; protagoniste qui, rappelons le, tiens son rôle à la perfection, en se révélant engagé dans son personnage, et crédible jusqu'au bout. Décidément, Lee Byung Hun me surprend de plus en plus; découvert dans le premier "G.I. Joe", puis suivi dans sa suite, ainsi que "Red 2" et "Terminator Genysis", puis redécouvert dans ce chef-d'oeuvre d'I Saw the Devil, le mec a su se frayer son chemin. En le voyant jouer, on comprend largement pourquoi. Charismatique à souhait, le mec a une gueule, une vraie, le genre de gueule que tu reconnais entre mille. Son jeu est plutôt impressionnant, entre le drame mélancolique et le film de Kung Fu le plus basique. Parce qu'il faut le préciser, mais Hun possède une technique hors du commun, technique qui le rend d'autant plus crédible que le film possède de sacrés moments chorégraphiés. Des combats spectaculaires et violents, reflet de l'évolution des films de combat. Mais "A Bittersweet Life" n'est pas qu'un banal film d'action de plus; ce n'est même pas un véritable film d'action, à mieux y repenser. Non, l'oeuvre se trouve être le parfait mélange entre la brutalité animale du Kung Fu, et l'impassibilité des thrillers contemporains, intransigeants, froids, sans pitié devant ce que vivent leurs personnages. Et pour poser ce genre d'ambiance, nul n'est plus qualifié que Kim Jee Woon, faiseur de chef-d'oeuvres de tous genres confondus ( à ce que j'ai pu en lire ), et réalisateur de ce chef-d'oeuvre de "J'ai rencontré le diable". L'artiste n'a vraisemblablement plus grand chose à apprendre; sa mise en scène, particulière et stylisée à son maximum, pose un cadre efficace et fascinant, ou la violence se mêle au désespoir. Nul n'aurait pensé tomber sur pareil film. Mais d'un autre côté, j'avancerai le fait suivant : si le film ne récolte pas la note supérieure, c'est que son écriture le gâche. Loin d'être mauvaise ( elle est même vraiment bonne ), elle manque, malheureusement, d'une certaine maîtrise, voire même d'un maîtrise certaine. Cela, l'on s'en rend notamment compte durant la première partie du film, lorsque Hun rencontre Jung Yu Mi, LA femme du film. Oui, la seule. Alors, l'on se demandera constamment, alors que le film avancera inexorablement vers sa conclusion, le pourquoi du comment des actes du héros; sans rien vous spoiler, le résultat final se révèle franchement brouillon, et plutôt décevant. Et c'est dommage, parce que le scénario était beaucoup plus prometteur, et nous offrait, au départ comme à l'arrivée, tellement plus qu'un simple défaut défaut d'écriture. Sauf que ce détail se révèle suffisamment important pour légèrement gâcher l'expérience globale. Néanmoins, le film est franchement fascinant.