Rayon comédie musicale, Bill Condon nest pas vraiment un novice, puisque le scénario du multi-oscarisé Chicago", cétait lui. Ce nest donc pas vraiment une surprise de le retrouver, pour sa quatrième réalisation, aux commandes de ladaptation de Dreamgirls, spectacle-phare des années 80 à Broadway. Marqué à vie, selon ses dires, par le show sur le destin des Dreamettes (trio inspiré des Supremes), il réalise, en quelque sorte, un rêve. Et ça tombe bien, dans la mesure où le rêve est ici lun des thèmes centraux, au même titre que lamour ou lambition. Sauf que leur traitement parfois un peu convenu donne au long métrage certains défauts dun postulant avoué aux Oscars.
Mais passons, lintérêt majeur de Dreamgirls nétant pas là, mais, bien évidemment, dans les numéros musicaux. Et là, le spectacle, soutenu par une bande-originale du tonerre, est total, et nous happe dès les premiers instants, pour ne nous relâcher quau terme de cette longue (parfois un peu trop) traversée des années 60-70, période-clé de la percée de la musique afro-américaine aux États-Unis. Mais le film va au-delà de laspect musical, et dresse, en filigrane, un état des lieux de la situation interraciale de lépoque, et des tensions qui règnaient, aussi bien niveau politique (assassinat de Martin Luther King, émeutes de Watts) que culturel.
Bien orchestré, Dreamgirls séduit également grâce à ses interprètes, qui assurent le show, aussi bien sur le plan vocal que dramatique, même si la performance majeure ne vient pas de là où on lattendait : si Jamie Foxx (en manager fourbe), Beyoncé Knowles(dont le rôle de membre du groupe qui devient star en solo apparaît comme un miroir de sa propre carrière) ou Eddie Murphy forcent le respect, ils se font voler la vedette par la débutante Jennifer Hudson, issue de la Nouvelle Star locale.
Sans atteindre le niveau de dertains cadors du genre, Dreamgirls possède néanmoins de quoi passer un moment agréable et entraînant. That's entertainment