Après avoir visionné "Lettre d’Iwo Jima" qui m’avait marqué grâce à sa subtilité, son intelligence, le personnage principal du général Kuribayashi joué par le grand Ken Watanabe et à son réalisme frappant, "Mémoires de nos pères" méritait amplement que je le visionne pour voir la vision américaine retransmise par Eastwood. En atteignant enfin le dixième film que je regarde du réalisateur de "Million Dollar Baby" et du chef d’œuvre "Gran Torino", j'ais eu un énorme coup de coeur, encore une fois avec Eastwood et cette vision américaine de la bataille d'Iwo Jima.
Certains films nous ont marqué (et m’ont marqué aussi) et Clint Eastwood m’a marqué avec ces deux films de guerre qui explorent la vision des deux camps sur le propos avec l’histoire de la bataille de l’île d’Iwo Jima et ses répercussions sur les soi-disant « héros » américains que l’on va suivre dans ce film.
Cette fois-ci, parlons d’abord du casting et des personnages : Ryan Phillippe, Jesse Bradford et Adam Beach interprètent les trois soldats américains survivant qui ont levé le drapeau des USA sur l’île d’Iwo Jima au sommet du mont Suribachi et qui ont réellement existé, à savoir John « Doc » Bradley, Rene Gagnon et Ira Hayes. Et chacun d’eux nous touche et nous bouleverse à sa manière de réagir face à la propagande que les haut dirigeant de l’armée décide d’instaurer à l’aide d’une simple photo pourtant symbolique aux yeux de nombreux américains en cette période sombre de la seconde guerre mondiale, ces survivants que l’on considère comme des héros grâce à l’immortalisation d’une photo sur lequel ils plantent le drapeau américain se révèlent particulièrement marqué par leur séjour sur l’île japonaise. De plus, deux de ces personnages seront narrateurs et raconteront leur histoire et celle de leurs camarades de leur point de vue, mais le plus bouleversant des trois survivants à mes yeux est Ira Hayes, le soldat indien sorti de sa réserve pour son pays mais qui a vu ses camarades mourir y compris son meilleur ami, Mike Strank. Ce personnage est le plus hanté et dramatique des trois survivants et il ne supporte pas d’être considéré comme un héros par ses semblables et les USA, car comme il le dit si bien : « je ne supporte pas qu’on me considère comme un héros, tout ce que j’ais fais c’est essayer de ne pas me faire tuer. », et rien que ça, rien que cette petite phrase d’à peine quelques secondes devrait nous faire nous poser des questions sur ce qui s’est produit et sur la propagande employé dans le film pour obtenir des dons auprès du peuple américain et financer l’effort de guerre. Hayes en devient tellement perturbé qu’il ne cache même pas sa dégradation et son alcoolisme ainsi que sa tristesse, et tout cela est parfaitement rendu par le jeu bouleversant d’Adam Beach. Ryan Phillippe et Jesse Bradford se révèlent eux aussi très touchant de réalisme, et les seconds rôles de soldat américain se révèlent très sympathique à suivre, notamment les autres soldats ayant levé le drapeau américain comme Joseph Cross et Benjamin Walker, quoiqu’il en soit le réalisateur sait gérer ses acteurs que ce soit les principaux ou les secondaires.Juste pour revenir sur un point avec l’aspect dramatique du film, on pourra reprocher à certaines scènes de sombrer dans le mélodrame et les bons sentiments qui sont souvent là pour être des tire-larmes, mais en général ça passe très bien et Clint Eastwood ne fait pas l’apogée d’une Amérique toute puissante, loin de là on nous montre à travers quelques dialogues et avec le contexte de l’époque dans quelle situation elle se trouve.
Clint nous offre une Amérique hypocrite abusant de la signification symbolique d’une simple photo pour embellir sa nation et son armée dans le but de financer l’effort de guerre alors qu’on nous prouvera plus d’une fois que tuer des vies et la guerre, c’est mal et rien d’autre et que ça détruit très souvent les vies de ceux qui y participent, il n’y a qu’à voir ce qui arrivera à Ira Hayes qui sombrera dans la dépression et l’alcoolisme avant de mourir comme un chien le pauvre.Et pour m’attarder un peu plus sur la mise en scène, même si elle reste classique et sobre comme dans la plupart de ses films, Clint Eastwood arrive à offrir beaucoup des scènes fortes et mémorable, notamment les scènes de batailles sur l’île d’Iwo Jima et il y a suffisamment de liaison par rapport au film qui démontre la vision de cette bataille par les japonais, certains disent qu’ils auraient fallu en avoir plus. Mais pour ma part, je pense qu’il vaux mieux que ça reste limité pour ne pas oublier quelle histoire ce film raconte et quelle point de vue elle adopte, et comme Clint Eastwood l’a dit dans une interview, il n’y a ni gentil ni méchant dans cette guerre, par contre il y a de trop nombreuses morts pour qu’on les ignore, et de nombreux jeunes soldats qui sort mort dés leur jeunesse. D’ailleurs, parmi les scènes qu’il a tourné, il y en a une avec lequel on peut faire le rapprochement, celle ou les soldats américains retrouvent les corps de japonais qui se sont suicidé pendant la bataille et qui est une liaison avec celle ou un des généraux aux services du Général Kuribayashi avaient réunis ses hommes pour un suicide collectif et mourir par honneur pour leur nation en mettant fin à leur vie pour ne pas être fait prisonnier.
Et quand on a Steven Spielberg à la production, encore une fois, les batailles de la seconde guerre mondiale sont d’un réalisme époustouflant et donne plus de souffle au film, et puis le réalisateur/producteur s’y connait bien dans ce domaine (ne me dites pas qu'il n'a pas amené sa patte par ici surtout) après avoir réalisé "Il faut sauver le soldat Ryan", ceci étant dit on était beaucoup plus plongé dans les combats avec "Lettre d’Iwo Jima" mais l’histoire ici se concentre plus sur la vie et l’expérience des trois soldats américains et non pas sur la bataille en question, néanmoins la réussite est là.
On voit d’ailleurs qu’Eastwood, pour ce film là, avait décidé de ne pas utiliser un filtre gris pour la caméra contrairement à "Lettre d’Iwo Jima", étant donné que ce film ne se déroule pas que sur une époque et qu’il y aura plusieurs flash-back le choix est justifié et c’est pardonnable mais sur ce point là, je garde une très légère préférence pour "Lettre d’Iwo Jima". En revanche, pour la musique j’ais une préférence pour celle de "Mémoires de nos pères", Clint Eastwood et sa fille Kyle Eastwood étaient à la composition et ont crée un thème principal magnifique et émouvant qui renforce l’aspect dramatique du film, certains diront qu’ils en font un peu trop mais la musique, c’est un forme d’art que le cinéma regroupe avec le jeu de comédien et l’architecture et si une musique est capable de faire pleurer, d’émouvoir et de se graver dans nos tête, tant mieux ça ne rend le film que meilleur. Car ce film raconte l’histoire d’hommes qui sont mort pour leur nation, mais avant tout pour protéger leurs amis et camarades d’arme, et il raconte l’histoire d’un trio de soldats honteux d’eux-mêmes car l’image utilisé pour la propagande n’est rien qu’un mensonge qui ne raconte pas ce qui s’est vraiment passé et ils ne supportent pas de savoir que le reste des soldats resté au front meurs sans gloire ni considération. Et ce film arrive à exploiter chaque dimension drastique et tragique de cet aspect avec finesse et brio, et elle se termine sur l’une des scènes finales les plus banales mais pourtant émouvante que j’ais pu voir : celle ou on voit le groupe de John Bradley et ses amis soldats se baigner librement à la plage sur le thème principal doux du film avec une ambiance joyeuse contrastant avec celui du début du film et le ciel gris se couchant en arrière plan, avec la voix-off concluant avec cette phrase de James Bradley « Mais pour mon père et ses hommes, les risques qu’ils ont encourus, les blessures dont ils ont souffert, ils l’ont fait pour leurs copains. Mêmes s’ils se sont battus pour leur pays, ils sont morts pour leurs amis, pour l’homme devant eux, pour l’homme à côté d’eux. Et si nous voulons vraiment honorer ces hommes, nous devons nous souvenir d’eux comme ils étaient réellement. Comme ils étaient dans la mémoire de mon père. »
Pour conclure, et j’en fais peut être trop mais pour moi : "Mémoire nos pères" ainsi que "Lettre d’Iwo Jima" font partie des plus beaux films qui m’ait été donné de visionner, pas seulement de la filmographie de Clint Eastwood mais aussi de tout les films que j’ais pu voir jusqu’à présent. Et à vrai dire, je ne peux pas choisir entre ces deux films, ont a deux points de vue plein de richesses, d’émotion et de réalisme à découvrir que ce soit la vision américaine ou la vision japonaise vu de manière impartial par Clint Eastwood, et ce sont clairement des films qui mérite d’être vu et considéré par tout cinéphile qui se respecte.