Diptyque Mémoires de nos pères / Lettres d'Iwo Lima. Clint Eastwood nous démontre ici encore son grand talent de réalisateur. Et de compositeur puisqu'il a composé la musique de Mémoires de nos pères (son fils Kyle a composé celle des Lettres d'Iwo Jima). Deux films de guerre, certes (les scènes de bataille n'ont parfois rien à envier à celles du Soldat Ryan), mais qui nous offrent quelques très belles images, comme l'entrée de la grotte sur l'affiche de Mémoires de nos pères. Des films sombres, qui brillent par leur quasi-absence de couleurs, une atmosphère de guerre sans cesse présente et rappelée. Dans Mémoires de nos pères, le côté cliquant de l'Amérique des années 40, sûre d'elle, provocante, raciste, se heurte à la réalité de la guerre, à la fragilité et à la souffrance de ces jeunes soldats et de leurs familles. Dans Lettres d'Iwo Lima, ce sont deux conceptions du Japon qui s'affrontent à travers les soldats postés sur l'île, de gré ou contre leur gré, entre code d'honneur, devoir, et patriotiste exacerbé d'un côté, et de l'autre une conception plus moderne (plus occidentale aussi) de la vie, de la société, et du monde. Et, du côté américain comme du côté japonais, une même hypocrisie, les mêmes drames, une même réflexion sur le mythe du héros, une même humanité surtout. La magie d'Eastwood c'est de nous faire partager tout ça : c'est long, c'est déstabilisant, c'est touchant, c'est moche, et en même temps c'est beau, tout simplement. A voir.