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TheDarkKnight74
30 abonnés
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4,5
Publiée le 6 octobre 2012
Classique du film de vampire trop méconnu, Vampyr est un récit fascinant composé par le grand cinéaste danois Carl Théodor Dreyer. Un génie dont j'ai eu vent, et qu'il fallait que je découvre par le biais d'un genre qui m'est cher, le fantastique. Mais ce qui m'a attiré est aussi le fait que Vampyr est son premier film parlant, mais où les paroles ont peu d'importance. Une atmosphère brumeuse et vieillotte est érigée avec soin, elle nous enveloppe dans un rayon d'étrange qui nous fait doucement tout oublier de notre vie pour nous ancrer dans ce monde à part, et pourtant si familier, puisque l'histoire se déroule en France ! Et oui, et nos beaux paysages typiquement reconnaissables sont enfin exploité à des fins imaginaires et non lyriques, quoiqu'ils en sont tellement gravé qu'un soupçon de romantisme sous-jacent parcourt les scènes dans les praires et le bois. Les décors aussi reconnaissables que possibles mais transformés par une photographie spectrale nous cloisonnent dans un espace intemporel. Les acteurs trop vieux pour que j'en connaisse un seul semblent sortir d'un vieux livre, leur physionomie elle aussi métamorphosée par la mise en scène hallucinatoire complète ce tableau peu à peu dévoilé au fil des péripéties. Pendant les trois quart du film David Gray (Allan Gray en version allemande) explore et constate voire subit ce qu'il voit au fur et à mesure, en même temps que nous autres spectateurs. Pour une œuvre de 1932, j'ai été surpris de l'angoisse imprévisible et tenace qui venait me chatouiller de temps à autres...créée par l'élaboration ultra cohérente d'un mystère lentement révélé. La visite de l'entrepôt-crypte au bord de la mer est une séquence des plus réussites, jouant malignement sur des effets d'ombres que l'époque permettait sans aucun ridicule. En effet, Vampyr est un film qui a très bien vieillit, car c'est avant tout un film d'ambiance. La musique contribue elle aussi à ce suspens saisissant qui habite ces excursions dans différents lieux atypiques. Le moment précis m'ayant le plus effrayé est le subit sourire carnassier qui se dessine sur le visage de Léone (Sibylle Schmitz) lorsque sa soif de sang refait surface et qu'elle suit de son regard de prédateur les mouvements de sa sœur (de la chair fraîche...) Gisèle (Rena Mandel). Cela ne dure que quelques secondes, mais c'est sublime et intense. Les « rêves » qui interviennent sont également des instants fantasmagoriques, et la vision du futur probable du héros est une vision presque aveuglante de métaphores sur la religion, la lumière du ciel perçant les tours des clochers représentant l'ouverture vers la mort. Tout comme les images du ciel nuageux entrecoupés d'éclaircies et d'une girouette à contre jour qui se manifestent brièvement en renforçant l'accent du « territoire dangereux » à chaque réapparition. Les deux scènes annonçant la fin ont été censurées : il s'agit de l'exécution du vampire, beaucoup plus puissante en version intégrale, et de celle du docteur, qui diffère peu dans les deux cas, qui m'a cloué devant cette cruauté, amollissant peu à peu mon pardon face à ce sort qu'un homme de bien lui réserve. La traversée de la rivière et la remontée vers le jour semblent alors miraculeuse et le film nous libère alors à nous aussi de cette aventure chimèrique. Je n'ai pas besoin d'en dire plus et de m'épandre sur des considérations techniques ou analytique, ce chef d’œuvre se vit et se raconte, mais je préfère éviter de le décortiquer en détail pour ne pas lui enlever son charme poussiéreux indescriptible.
Difficile pour moi de me faire un avis tranché sur ce film, pourtant ça démarre avec une simplicité affirmée qui vire presque au surréalisme, la mise en scène ayant gardée quelques stigmates du muet propose des moments assez contemplatifs comme une sorte de petit théâtre macabre, les effets spéciaux sont ingénieux, tout comme les mouvements caméra et les jeux d’ombres … Mais l’ambiance est dans les deux premiers tiers quasi absente, on nous sous-texte l’oppression mais on ne ressent rien, après on nous explique via le bouquin la légende vampirique mais le vampire lui reste toujours hors champ, c’est à peine si sa présence est évoquée. Les événements s’accumulent dans et à l’extérieur du château de par des séquences tantôt trop longues tantôt trop courtes, il y a un sérieux problème de rythme, ce qui provoque inévitablement l’ennui (à mes yeux), et mis à part le personnage principal et le docteur les autres n’ont pas le temps d’être décemment assimilés, ce qui fait que l’intrigue s’en retrouve assez évasive. Le dernier tiers lui balance tout ce qu’il a, techniquement superbe (un travelling en particulier est assez marquant) et basculant dans le pur onirisme, l’ambiance est enfin présente même si l’aspect horrifique reste bien pâle, mais le problème c’est que j’ai trouvé le dénouement (volontairement ?) incompréhensible, ce qui fait que j’en ressort frustré et déçu de n’avoir non seulement pas ressenti énormément de choses mais également d’être resté sur le carreau. Pour moi ça restera un film de surface, qui mériterait sans doute un revisionnage à l’avenir, mais pas sûr que ça change grand chose.
Adapté de deux nouvelles de l'auteur irlandais Sheridan Le Fanu, "Vampyr" fut produit en 1932 par le baron Nicolas de Gunzburg qui en réalité, interprète le rôle principal sous le pseudonyme de Julian West. Réalisé par Carl Theodor Dreyer, ce film succède à sa célébrissime "Passion de Jeanne d'Arc". Avec "Vampyr" le danois présente un ensemble formel très particulier, mi-muet mi-parlant, comme si celui-ci n'avait pu trancher définitivement. Cependant c'est bel et bien cette hésitation, cette indécision artistique qui contribue à la singulière réussite esthétique du film, sorte d'hybridité où silences, dialogues et panneaux narratifs s'entrecoupent harmonieusement. La maîtrise du cinéaste est indiscutable, avec notamment ce jeu d'ombres sublime, illustrant bien cet aspect "danse macabre" ou la vue subjective virtuose de la mort à partir de l'intérieur d'un cercueil. C'est en revanche du côté de la narration que le film laisse perplexe ; Dreyer peine en effet à insuffler rythme et dynamisme au sein de son propos, ce qui aboutit au résultat que les soixante-dix minutes qui composent le film paraissent parfois en valoir le double. Une expérience mitigée.
Ce film à la photographie voilée et brumeuse, est l'une des oeuvres les plus bizarres de l'histoire du cinéma, digne ancêtre de "Eraserhead" et des réalisations les plus atmosphériques de Roman Polanski. L'histoire, destructurée jusqu'aux frontières de l'abstraction, n'est qu'un argument, Dreyer réussissant à distiller une terreur sourde par son incroyable gestion du cadre et des détails environnants, ainsi que par une redoutable utilisation du son. Il en résulte une permanente sensation de flottement où le protagoniste principal subit des évènements singuliers sans aucune clef pour comprendre, sans aucune balise à laquelle se raccrocher, une plongée dans un monde invisible qui ressemble à la mort, un monde où le divin semble avoir déserté. Vivre sans la présence de Dieu, telle est la thématique obsessionnelle qui traverse la filmographie de Dreyer. Dieu disparu, il ne reste que la mort et ses angoisses pour l'être humain alors réduit à sa médiocre destinée et à ses craintes.
On ne peut pas nier le talent visuel de Dreyer qui sait soigner ses plans et sa lumière (on n'est pas près d'oublier le faucheur qui sonne la cloche, les plans vus d'un cercueil ou encore l'apparition du titre) mais pour le reste on est obligés de remarquer que "Vampyr" a pris un coup de vieux dans l'approche de son histoire et de son rythme, très lent. Certes ça correspond à l'esprit du film mais on a du mal à s'accrocher malgré la beauté des images ce qui empêche de vraiment rentrer dans l'histoire mais contribue aussi à la légende du film.
C'est lent, tres lent, ennuyant meme. Mais par moment, on se laisse emporté par la beauté et l'imagination de certains plans. De la poesie se degage alors de l'ensemble.
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4,0
Publiée le 7 mars 2014
C'est au dèbut du cinèma parlant qu'apparut "Vampyr - Der Traum des Allan Grey" de Carl Theodor Dreyer, connu aussi sous les titres: "La sorcière vampire" et "L'ètrange aventure de David Grey", mais pour des raisons commerciales, et d'adaptation plus ou moins varièe! Quand il l'entreprit, en 1930, Dreyer ètait l'un des rèalisateurs europèens vouè aux plus grandes rèussites! Deux ans plus tôt, "La passion de Jeanne d'Arc" avait donnè toute sa gloire à celui qui n'ètait qu'un jeune cinèaste danois n'ayant jusque-là rèalisè que quelques mèlodrames influencès par Griffith! il ètait devenu le plus prestigieux nom de la dernière ètape du cinèma muet et son "Vampyr - Der Traum des Allan Grey" lui valut - à tort - un ènorme èchec critique et commercial! Certes, cette oeuvre unique en son genre ètait une entreprise comportant pas mal de risques! En adaptant un roman de Sheridan Le Fanu, Dreyer renonçait aux effets de montage propres à "La passion de Jeanne d'Arc": l'unique morceau de bravoure, le seul apprèciè par la critique, ètait la sèquence nous prèsentant un enterrement vu de l'intèrieur du cercueil par le prètendu cadavre! La suite accordait la primautè de la poèsie propre de l'image sur les recherches techniques - ce qui allait dominer plus tard les films de Dreyer! La photographie ètait estompèe, volontairement floue, donnant à des acteurs aux attitudes hièratiques des aspects fantomatiques, et transformait l'oeuvre nèbuleuse et solennelle en un rituel obsèdant des tènèbres! La sensualitè toute nordique du cinèaste face à la nature jouait sur les bois et les prairies entourant la sinistre demeure du vampire! Un film comme "Vampyr - Der Traum des Allan Grey" aborde une thèmatique connue ou semblent se situer, comme "L'annèe dernière à Marienbad" d'Alain Resnais, sur une ligne expèrimentale sans aucune rèfèrence, absolument nouvelle! Par sa singularitè, il s'èloigne de la tradition de laquelle il semble vouloir se rapprocher! Voilà ce qui me permet principalement de le considèrer comme une des oeuvres maîtresses du cinèma fantastique...
D’aucuns y voient ici un monument cinématographique mais Dreyer a largement mieux réussi d’autres films que celui-ci qui souffre d’une lenteur assez pénible et d’un rôle principal tout simplement insignifiant. On est loin du Nosferatu diabolique de Lang.
Pénalisé par des intertitres explicatifs superflus (autant valait-il mieux assumer le muet!) ainsi que par un scénario au fil ténu pourtant encombré de confusions, ce récit vampirique qui en assume attendus et codes se distingue cependant par son atmosphère en demi-teinte, entre tension fantastique et onirisme inquiétant grâce à une mise en scène affutée, jouant des focalisations, des ombres et des symboles. Un film d'ambiance audacieux et visuellement fascinant!
Profondémment déçu... Tout est raté, l'interprétation est souvent mauvaise, parfois catastrophique; la photo (je ne parle pas de la surexposition) n'est aucunement travaillée, jour et nuit la même lumière, on amène un chandelier et rien de change, etc ça ne crée pas une ambiance onirique mais une ambiance de série Z bâclée mais sans le côté drôle ou divertissant ; le film a les archaïsmes du muet sans en avoir le charme (et quelle facilité de lire un livre au lieu de nous raconter cela en images… et dire que certains trouvent le film en avance sur son temps… re-regardez Freaks de la même époque, entre autres nombreux exemple); tout est empesé et se veut très sérieux, le film est sans aucun rythme, les personnages se comportent sans logique (ah oui, il parait que c’est ça le charme du film, que c’est onirique ?), et on s’ennuie à mourir devant une histoire de plus totalement plate alors que ça ne dure que 1h23 qui en paraissent 2 ou 3. Pour moi il n’y a que la caméra subjective depuis le cercueil qui est une bonne idée, cela fait quelques secondes d’intérêt noyées dans près de 5000 d’ennui. Pourtant (presque) tout le monde crie au chef d’oeuvre, s’extasiant devant tant de facilités et de vide (tout en méprisant avec « passion » les petits films de distraction du présent peu ambitieux), je ne comprend pas ?...
Souvent considérée comme une œuvre fondatrice de l’imagerie du vampire au cinéma – avec le Nosferatu de Murnau (1922) et le Dracula de Tod Browning (1931) – Vampyr (1932) de Carl Theodor Dreyer est cependant moins accessible que les deux longs-métrages précités. S’il ne manque pas de séquences marquantes, ce film de 1h10 tourné en France vaut surtout pour son atmosphère mystérieuse, même si celle-ci vire parfois à l’abscons. Il n’est en effet pas toujours évident de suivre un récit très intériorisé, et il n’est pas impossible de passer à côté d’éléments de base de l’intrigue. À la fois intéressant et déroutant.
Le début du cinéma parlant se ressent dans ce film. Malgré une grande mise en scène, et des plans impressionnants pour son époque, le récit se perd à cause du cinéma parlant et le cinéma muet, comme-ci il manquait quelque chose pour accentuer le film. Néanmoins, cela reste poignant d'idées pour son époque
Dreyer montre ici l'étendue de son talent. Inférieur cependant aux films futurs, on peut cependant remarquer ici une mise en scène aboutie; jeu des lumières, des transparences, une photographie sublime. Une grande direction d'acteurs dont l'effroi et l'ambiguité sont manifestes. A certains moments, la terreur véhiculée est forte. j'ai vu sur Vampyr sur le câble hier. Ma perception du film a été malheureusement perturbée par des sous titres pas toujours lisibles et par l'émission d'un signal perturbée.
La quintessence du film de vampire, qui mit en place tout les codes du genre (auberge, jeune fille pure...). "Vampyr" est particulièrement marquant pour son grand onirisme (bien plus développé que dans la plupart des autres films du genre) dû à la photographie voilée et brumeuse, aux surimpressions et au jeux trés interessant d'ombre et de lumière caractéristique de l'expressionnisme allemand (quoi que moins tranché ici que dans les autres oeuvres de l'époque). Sans oublié la démarche somnambulique du héros, véritable pantin qui subit plus qu'il ne méne l'histoire. Et que dire de la magnifique réalisation de Dreyer, trés riche et qui ne peut qu'éblouir lors de la scéne en caméra subjective de Gray enfermé dans le cercueil. Un grand moment de cinéma. Autre moment fort du film, le regard glaçant de Sybille Schmitz. Le symbolisme est, comme dans tout les bons films de vampire, trés poussé, voir même un peu trop en se qui concerne le christiannisme. C'est le seul défaut de se film, que tout bon cinéphile se doit de voir.
Je découvre la filmographie de Dreyer par ce magnifique film de vampires, dont j'avoue avoir longtemps ignoré l'existence : le "Nosferatu" de Murnau est évidemment plus connu... bien que les deux films soient très différents. "Vampyr" est ce qu'on appelle un film d'épouvante, bien qu'il ne fera probablement plus vraiment peur à quiconque dorénavant... ce qui n'empêche pas le film d'être absolument cauchemardesque, dans le sens où l'intrigue (très ellipsée), l'image (vaporeuse) et le son (film quasi-muet où la bande-son se partage entre de rares dialogues, quelques bruitages et de la musique) sont tellement irréels que l'on a l'impression d'être dans un rêve. "Vampyr" est un film plaçant le spectateur dans un demi-sommeil, ne traduisant non pas l'ennui mais une certaine hypnose obtenue notamment pas la caméra constamment mobile de Dreyer (qui est en cela incroyablement moderne). Certaines scènes sont inoubliables, surtout celles incluant un magnifique spectacle d'ombres et encore plus la séquence de rêve où le personnage principal assiste à son propre enterrement. Grandiose et sublime.