Malgré les apparences, le scénario n'a rien de très classique et se révèle très éloigné des schémas traditionnels du conte de fées. Ici, le personnage principal du film ne devient jamais un grand héros au sens figuré du terme. Et son véritable amour ne sera pas la belle princesse. Loin de s'adresser à un public d'enfants, le Dragon du Lac de feu se révèle assez sombre, aussi thématiquement que visuellement. L'atmosphère est souvent pesante, les décors en général plongés dans la pénombre et tout cela accentué par une bande originale parfois assez sinistre. Passons en premier sur les qualités du film : une mise en scène soignée et appuyée par des décors et des costumes remarquables, de superbes extérieurs naturels et décors d'intérieur par une photographie bien travaillée, une musique très réussie et surtout des effets spéciaux formidables et novateurs pour l'époque. Le Dragon du Lac de feu est ainsi le premier film employant essentiellement la technique de la Go-Motion (animation de figurines à distance par ordinateur) inventée par Phil Tipett (Star Wars, Robocop, Jurassic Park). S'animant d'une fluidité remarquable avec une animation impeccable, le dragon du film demeure l'un des plus beaux dragons du cinéma fantastique, voire le plus beau, même si on peut regretter de devoir attendre une bonne heure avant de le voir véritablement. Toutefois, le Dragon du Lac de feu n'est pas exempte de défauts : la faiblesse de l'interprétation, manquant globalement de charisme, est à regretter. Ralph Richardson, vétéran du cinéma anglais, n'est que trop rarement présent à l'écran. Le personnage féminin n'a qu'un rôle assez mineur dans le récit. Quant à Peter MacNicol, celui-ci se révèle relativement fade et peine un peu à s'affirmer. Son personnage n'accomplissant jamais d'actions vraiment efficaces, il peine à s'imposer comme un adversaire crédible contre le dragon. De plus le récit finit par être assez prévisible et semble se traîner un peu, voire perdre du temps dans des sous-intrigues modérément captivantes (le vol du talisman par le Roi, le tirage au sort de la princesse'). Même s'il souffre de défauts évidents dans sa structure inégale avec un casting discutable, le Dragon du Lac de feu offre un univers médiévo-fantastique cohérent et crédible. Ses qualités citées plus haut lui donnent une vraie personnalité indéniablement séduisante. Sans égaler les grandes figures du genre comme le diptyque les Nibelungen de Fritz Lang, Conan le Barbare de John Milius ou le Seigneur des Anneaux de Peter Jackson, il reste supérieur aux nombreux sous-Conan apparus dans les 1980 et incontournable pour les fans d'Heroic Fantasy.