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    La Fille du juge
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    Cluny
    Cluny

    75 abonnés 593 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 13 octobre 2012
    Le juge, c’est Gilles Boulouque, de la section antiterroriste de Paris. C’est lui le juge de «l’affaire Gordji». En 1986, son enquête sur les attentats de Paris l’amène à la conviction du rôle joué par Wahid Gordji, traducteur à l’ambassade d’Iran. Celui-ci refuse pendant des mois de répondre à la convocation du juge, jusqu’au jour où deux otages du Liban sont libérés. Gordji accepte alors d’être auditionné, sachant qu’à sa sortie, un jet l’attend pour le reconduire en Iran. La presse se déchaîne, et en bon petit soldat, le juge endosse en silence la responsabilité de cette décision.

    En pleine cohabitation et à l’approche de l’élection présidentielle, l’affaire Grodji devient un enjeu de la campagne. Le film montre d’ailleurs le passage du débat entre Chirac et Mitterrand où le premier ministre défie le président de contester qu’ils aient été d’accord sur le départ de Gordji, et où Mitterrand répond : «Dans les yeux, je le conteste…» Abandonné à la raison d’état et au jeu politique, le juge Boulouque est inculpé de violation du secret de l’instruction. Profondément atteint, il se suicide le 12 décembre 1990. Sa fille Clémence avait 13 ans.

    Le film commence en septembre 2001, à New York, où Clémence était partie étudier, et fuir le terrorisme qui lui avait volé son enfance. Il se construit ensuite comme la mise en images de son texte, lu par Elsa Zylbertein. Des films familiaux en super-8 ou en VHS, des photographies de vacances, des unes de quotidiens et de nombreux extraits des journaux télévisés de l’époque servent à cette illustration. A cet égard, la déclaration de Chirac, alors premier ministre, et déclarant le jour de l’attentat de la Rue de Rennes que «quand la France aura retrouvé la puissance étrangère qui se trouve derrière ces attentats, la riposte sera fulgurante» prend tout son relief au regard de la suite…

    Même s’il permet de se remettre en mémoire ces événements, le sujet de ce film n’est pas l’affaire Gordji, ni même le rapport de la Justice et de la raison d’état. Le point de vue est celui d’une petite fille de six ans, qui raconte l’irruption des gardes du corps dans sa vie, les vacances repoussées jour après jour au bon vouloir de M. Gordji, le retour de son père le soir de l’audition («Et maintenant, je vais m’en prendre plein la gueule…»), le pistolet qui allait le tuer qu’il place dans la main de sa fille sur une plage d’hiver («si petit et si lourd...»). Elle parle aussi de son remord à elle, d’avoir commencé son adolescence et de l’avoir repoussé comme toutes les filles de treize ans, alors qu’il ne lui restait que quelques mois à vivre.

    Le texte très littéraire est bouleversant, parce qu’il a été porté pendant des années, et que chaque mot, chaque image renvoie à une souffrance indicible. Dommage que le réalisateur ne s’en soit pas tenu à ce seul texte, et ait rajouté inutilement musique, bruitage et effets de zoom comme dans ces émissions qui pullulent aujourd’hui («Secret d’actualité», «Faites entrer l’accusé»).
    http://www.critiquesclunysiennes.com/
    JamesDomb
    JamesDomb

    103 abonnés 1 061 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 29 septembre 2006
    Le juge Gilles Boulouque, saisi du dossier des attentats ayant ensanglanté Paris en 1985 et 1986, met fin à ses jours en décembre 1990. A l'époque, sa fille Clémence n'avait que treize ans. En septembre 2001, étudiante à New-York, les attaques sur le World Trade Center déclenchent en elle l'envie de raconter son enfance marquée par le terrorisme et la disparition de son père. Le réalisateur William Karel, adapte le livre autobiographique "Mort d'un silence" de Clémence Boulouque et se place au plus près des mots de l'auteur. Elsa Zylberstein prête sa voix à La fille du juge et on peut néanmoins lui reprocher d'en rajouter dans le mélodramatique de l'histoire. Toujours est-il que La fille du juge est un film politique passionnant, un portrait d'homme broyé par la machine judiciaire et médiatique déroutant et pertinent. Clémence Boulouque et William Karel réalisent un devoir de mémoire important ("Mon père a fait l'actualité mais n'a pas marqué l'histoire") à partir d'images d'archives, d'archives personnelles de la famille Boulouque et de photographies. Le juge Boulouque n'était qu'un passant et ce film est donc un hommage qui lui est rendu. C'est surtout l'occasion pour la fille du juge de faire le deuil de son père.
    Cinephille
    Cinephille

    157 abonnés 627 critiques Suivre son activité

    2,5
    Publiée le 29 septembre 2006
    C'est un film hybride oscillant entre la narration d'une douleur individuelle et celle d'événements politiques emblématiques de la fin de l'ère mitterrandienne. Dans la mesure où on touche à la "raison d'état" dont les protagonistes n'ont toujours rien dit, on ne peut que rester sur sa faim quant au volet politique. Pour ce qui est de l'intime douleur de Clémence Boulouque on a la sensation que ce film renvoie aux films super 8 que tournait son père quand elle était petite, qu'il s'agit d'une oeuvre "psychanalytique" dans laquelle on se sent impuissant et déplacé.
    anonyme
    Un visiteur
    1,0
    Publiée le 29 septembre 2006
    Quelques documents d'archives tentent mollement d'éclairer les faits et le rôle politique du juge... Mais la caméra reste désepérement braquée sur la douleur d'une orpheline, la fille du juge, qui treize ans après la disparition de son père, ressasse sa douleur en refusant de faire son deuil.
    Voici un film qui mériterait plus le titre de mélo plaintif et larmoyant que de documentaire. Et l'on s'interroge sur ce qui a pu pousser William Karel à réaliser ce film... La déception est immense !
    anonyme
    Un visiteur
    5,0
    Publiée le 29 septembre 2006
    Poignant et émouvant témoignage d'une fille à son père. A la fin de la projection, on ne peut que se poser de sérieuses questions sur l'intégrité du pouvoir politique...Un film à voir absolument et qui fait froid dans le dos.
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