Cronenberg est un de ces cinéastes où il faut avoir une certaine ouverture d'esprit pour en apprécier pleinement l'oeuvre, tortueuse mais fabuleuse. Notamment du fait qu'il se plonge (jamais gratuitement) dans une violence et presque une pornographie qui pourrait paraître pour beaucoup à la limite du sordide.
Videodrome est l'un de ses premiers bijoux où la thématique du corps et de la machine sont associés. Peu après Scanners, qui se faisait prolongation du thème des versants monstrueux de la médecine entamé avec Chromosome 3, il nous invite, avec Videodrome, à un nouveau volet d'une série de films traitant, donc, de l'homme et la machine.
Max Renn, dirigeant d'une chaîne de télévision, a pour ambition d'offrir au public ce qu'il désire le plus, à savoir de la violence et du sexe. Lorsqu'il apprend l'existence d'une emission nommée Videodrome, où des gens se font torturer, il pense enfin détenir la pépite rare. Mais Videodrome est bien plus qu'un simple programme raccoleur...
L'association de la chair à la machine est ici clairement exposée par Cronenberg, l'homme ne devenant lui-même à son tour qu'une machine répondant aux images que la télévision lui envoie. Ce que Cronenberg dénonce ici, c'est la capacité qu'a la télévision de détenir et de contrôler les esprits de ses téléspectateurs. Cependant, le réalisateur va plus loin encore dans la fonction quasi mystique et divine de celle-ci.
Cronenberg entame alors, avec Videodrome, une série de films où l'homme et la machine sont à même de fusionner pour ne plus former qu'un : quatre ans plus tard sortira le célèbrissime La Mouche, avec ses machines de téléportation ; neuf ans plus tard ce sera la fameuse machine à écrire du Festin Nu ; en 1996, les voitures fantasmagoriques, objets morbides, de Crash ; puis les consoles de eXistenZ en 1999.
Et Cronenberg offre, avec Videodrome, non seulement un excellent prélude à cette philosophie de la machine, mais également un jalon important du cinéma fantastique, une oeuvre inclassable, démente, mais avant tout géniale.
Un remake semble se profiler à l'horizon (on est vraiment à l'ère des remakes ces temps derniers)... Remake d'ores et déjà inutile à mon avis, compte tenu de la qualité du film de Cronenberg, mais bon, cela reste à voir sans trop critiquer d'avance!