J'ai vu ce film jadis au Studio Parnasse, sorte d'académie du film américain des années cinquante. Il a contribué à forger la légende d'Humphrey Bogart en redresseur de torts. En particulier son dernier film "plus dure sera la chute". Dans les années trente, à la trentaine, Bogart n'avait qu'une notoriété moyenne. A partir de la quarantaine, son visage buriné a commencé à intéresser les producteurs, surtout avec sa compagne Lauren Bacall. Mais pas toujours des héros positifs, parfois des losers ou des déclassés comme dans Ouragan sur le Caine, le Trésor de la Sierra Madre, African Queen, la cuisine des anges. Deadline USA, le titre américain, le montre en Zorro du journalisme, le mec à qui on ne la fait pas, même pas peur de Rienzi, le mafieux sicilien pas le héros wagnérien. Bien sapé, noeud paps qu'il défait puis refait, ce que je ne savais pas faire, il donne des ordres et dirige la manoeuvre. Tout le monde lui obéit. Cela discute beaucoup, au sein du journal, au tribunal, en conseil d'administration, partout. Le bourbon coule à flots. Au journal il console les journalistes, dans une ambiance mai 68. Seul bémol pour Bogey : sa femme Kim Hunter le lâche. Faut dire qu'elle a plus de vingt ans de moins que lui. Kim s'est fait connaître avec Brando dans "un tramway nommé désir". Elle ne fera plus grand chose après sauf "la planète des singes". Elle a une coquetterie dans l'oeil, mais son charme n'est pas irrésistible. Les états d'âme de ces journalistes incorruptibles fait légèrement sourire aujourd'hui. Je sens que je vieillis et tourne au scrogneugneu.