Sex et Perestroika est un titre peu engageant en fait, mais il attire indéniablement l’attention des plus curieux. Je me suis donc laissé tenter.
C’est vrai que c’est un film assez particulier, et audacieux dans le genre érotique, maintenant, cela suffit-il à faire un vrai bon film, c’est discutable.
Le casting ne présente pas un grand intérêt, simplement parce qu’il n’a pas grand-chose à faire. François Jouffa est le seul vrai représentant masculin, et ma foi il ne s’en tire pas mal. Il tient bien son rôle de documentariste-interviewer (faut dire que c’est tout de même un professionnel), et il arrive à donner un certain sérieux authentique à cette production. A ses cotés, un casting donc essentiellement féminin, avec une galerie vaste de jeunes filles russes. C’est certain qu’elles sont de très belles incarnations du charme slave. Elles imposent une belle présence, et elles font preuve d’un naturel tout à fait enthousiasmant car plutôt rare dans le genre érotique, et collant, encore une fois, bien avec le genre docu-fiction du métrage.
Le scénario est courageux, affichant d’ailleurs, dès le message d’ouverture, des objectifs de haut niveau. Le souci, c’est que Sex et Perestroika oublie trop souvent son aspect documentaire, et enchaine le plus souvent des scènes érotiques sans grande originalité par rapport à un film érotique classique. Étant du coup assez vide de propos, sa longueur (1 heure 45) ne se justifie plus vraiment, et il y a un aspect terriblement redondant dans ce film, avec des séquences qui se répètent cinq ou six fois avec très peu de différences. Par ailleurs il n’y a aucune gradation, et la conclusion n’est pas à la hauteur. En somme, Sex et Perestroika devient trop vite lancinant, trop vite superficiel, et c’est dommage étant donné son souci de différence.
Visuellement il se rattrape heureusement. La mise en scène de Francis Leroi est une indéniable réussite. Les scènes érotiques en particulier sont vraiment filmées avec beaucoup de soin et d’application. Elle dégage une sensualité chaleureuse et raffinée grâce à une caméra qui caresse les corps et fait preuve d’une vraie recherche esthétique. L’érotisme du film au demeurant reste assez léger. Il n’y a rien de particulièrement hard, essentiellement des corps féminins nus. Il y a aussi quelques plans de la ville de Moscou de bonnes qualités. Les décors sont d’ailleurs un autre bon point du film, Sex et Perestroika permettant de découvrir le Moscou de cette époque, et bénéficiant d’un caractère exotique tout à fait réjouissant. La photographie pour sa part a un peu vieilli, mais le grain de l’image, loin de nuire au film renforce son caractère authentique. Enfin, la dimension musicale du film est assez sympathique. Beaucoup de musique russe, et si l’on commence sur un thème très classique, ensuite le film donne l’occasion de découvrir des groupes russes très connus comme Kino, mais qui chez nous le sont bien moins. La bande son est en tout cas très intéressante.
En conclusion, je dirai que Sex et Perestroika est un film plaisant, mais souffrant il est vrai de ne pas avoir poussé sa logique de départ jusqu’au bout, et de passer en dessous de ses enjeux. Au final le film est assez classique, et s’en sort par rapport à la concurrence, grâce à l’exotisme moscovite, et, il faut l’avouer, par un Francis Leroi en bonne forme. Il mérite un petit détour pour les amateurs du genre, mais reste inférieur à ses ambitions.