Pour leur quatrième enquête sous les traits de Basil Rathbone et Nigel Bruce, Sherlock Holmes et le Dr. Watson restent dans l’époque contemporaine et se battent, une nouvelle fois, contre les Nazis… au point de transformer Holmes en agent actif du gouvernement chargé de procéder à des exfiltrations. On est, donc, bien loin, de l’esprit des romans de Conan Doyle avec son héros, consultant exceptionnel de Scotland Yard (même si le film se veut une vague adaptation des "Hommes Dansants"). C’est sans doute la raison pour laquelle les producteurs ont orchestré le retour des illustres seconds rôles qui nous avaient tant manqué jusque-là, à savoir Madame Hudson (Mary Gordon) et, surtout, l’impayable inspecteur Lestrade, campé par un Dennis Hoey délicieusement cabotin. Le film marque, également, le retour du Professeur Moriarty, au mépris de la logique la plus élémentaire puisqu’il est mort dans le second opus (mais, après tout, le saut temporel pratiqué depuis le troisième épisode a dynamité tout espoir de continuité du récit !) et, qui plus est, avec un physique bien différent puisqu’il est désormais interprété par Lionel Atwill (qui avait interprété un tout autre personnage dans "Le Chien des Baskerville"). Il s’agit, d’ailleurs, d’un procédé qui deviendra une habitude dans la série puisque bon nombre d’acteurs joueront dans plusieurs films avec des rôles différents, sans que cela ne gêne personne… Et ce n’est, pas plus gênant que ça… surtout que "L’arme secrète" a un défaut bien plus gênant : son scénario un peu paresseux. En effet, guerre contre l’oppresseur nazi oblige, on sent bien que le côté propagande a été particulièrement mis en avant (ah, le fameux discours final sur l’avenir du monde qui deviendra un passage obligé)… au détriment du suspense puisque l’intrigue se limite à une simple question : les Nazis vont-ils mettre la main sur la fameuse arme secrète ? La grande "résolution" de l'énigme, avec le déchiffrage des "petits bonhommes" dessinés est, d'ailleurs, plus que limite dans sa crédibilité... Pas de seconds rôles vraiment passionnants, pas de rebondissements incroyables, pas de séquences impressionnantes… bref, le film manque franchement de rythme et d’ambition, ce que beaucoup imputent à l’arrivée d’Universal à la tête de la production depuis l’opus précédent, avec l’obligation de faire de l’abattage en sacrifiant les intrigues (pas franchement élaborées) et les décors (minimalistes). Même s’il n’est pas totalement erroné, je ne suis pas tout à fait d’accord avec ce constat car la saga prouvera que certains films produits par Universal (et donc avec le même cahier des charges) sont particulièrement réussis ("La femme Araignée", "Le Train de la mort" ou, tout simplement, l’épisode précédent "La Voix de la Terreur"). Quoi qu’il en soit, et bien qu’il soit l’un des épisodes les plus connus de la saga, "L’Arme secrète" est un opus mineur qui ne vaut que par l’interprétation de ces acteurs et le charme inhérent aux vieux films de cette époque, aussi cheap soit-il…