L'histoire d'un petit gars boutonneux qui va se trouver une voiture qui en jette pour secousser une minette latino. Non, ce n'est pas le résumé de « Christine » de Carpenter.
Et on peut dire qu'on y pense souvent, au chef d'œuvre de Carpenter, dans ce navet à très gros budget.
J'avais placé peut-être la barre un peu haute, après le sympathique « Island » du « plus mauvais réalisateur du monde », Bay.
Le problème n'est pas que ce soit le plus mauvais réalisateur, on peut dire que la beauté des images de « Transformers » dépassent la plupart des blockbusters actuels, aussi bien dans la surenchère que dans les effets spéciaux. Non, le vrai problème de Bay, c'est simplement qu'il est un crétin fini.
Ce n'est pas dans sa manière de filmer, d'autant plus que le maître Spielberg a manifestement donné pas mal de conseils, tant certaines scènes semblent sorties tout droit d' « ET » ou « Rencontres du Troisième Type », ce n'est pas dans le scénario, carrément linéaire qui se savoure comme un milk shake, c'est plutôt dans les gags annexes. Car si les gags sont grotesques ou vulgaires et correspondent à la cible affichée, les ados boutonneux; les petits gags politiques sont sacrément à côté de la plaque. Si vous rajoutez une grosse et lourde pincée de patriotisme pire que « Independance Day » parce que plus subtile, on est carrément en face du clone de Bush, le talent ou du moins la virtuosité en plus. C'est triste que les plus gros budgets soient données à ce genre de gugusses, mais quand on voit ce qu'en font des artistes un peu plus sensibles et intellectuels, on comprend le professionnalisme des producteurs de la côte Ouest. Car hélas, Spiderman 3 montre les limites de la démarche artistique dans le cas d'un film adapté d'une BD ou d'un jouet (sic). Heureusement, sur ce dernier point, le scénario a su s'adapter a tous les publics (plutôt machistes évidemment) qui ont eu une fois un jouet entre les mains, sans que ce soient des « Transformers » ou assimilés.
Pour les effets spéciaux, il y des moments avec et sans, la première moitié du film semble faire des efforts pour qu'on ne puisse pas les apprécier, caméra trop rapide et tremblée, coupures pires qu'un clip vidéo, mais le niveau remonte à la perfection ensuite, avec des scènes calmes où l'on peut déguster la perfection des mélanges robots architecture, le mélange humain robots étant moins réussi, mais d'un très haut niveau.
Pour l'argent, on peut recommencer à détruire tout une ville et ses tours, pas de problèmes, le sentimentalisme et le respect des victimes ne dure pas très longtemps aux States. Et l'obsession de décrire les robots comme des étrangers que seuls les américains ou à la rigueur les japonais (Hasbro ?) peuvent combattre est plus que lourdingue.
Le best of étant évidemment le nombrilisme incessant de Bay sur son pays, on fait les meilleures voitures du monde, tout simplement, les japonais ne savent faire que des jouets... Il semble oublier que Toyota, Nissan et Honda vont bientôt faire disparaître les modèles américains de la planète, alors il se console en montrant tout ce que son peuple chéri sait faire, des redites de l'âge d'or, si possible en coupé sportif qui bouffe 25 litres aux cents, ou des poids lourds et 4x4 monstrueux.
Ce qui est horrible dans cette course à la stupidité (face aux voitures hybrides des japonais par exemple), c'est l'âge mental revendiqué. On n'a pas de culture autre que la grosseur de son moteur, on oublie facilement l'histoire, des fois que l'on apprendrait quelque chose, et on a le droit de faire des conneries, parce qu'on est libres et jeunes. Et cons ?
Ce film a le mérite d'expliquer à plusieurs niveaux de lectures l'américain moyen. Et c'est déjà fort, parce qu'une partie de la culture US primaire est bien disséquée.
Il reste deux ou trois scènes cultes, la Camaro, les pitreries des robots dans le jardin qui sont la copie conforme de « Gremlins » et autres « Small Soldiers » de Joe Dante. Ce dernier étant incroyablement plus cynique et doué, mais il n'a jamais eu ce genre de budgets hélas, l'intelligence n'est pas bienvenue à Hollywood.
En effet, il y a du cynisme chez Bay dans ce film, mais il est tellement à côté de la plaque, et tellement forcé qu'il est encore plus pitoyable que l'humour à deux balles qui contentera n'importe quel ado pré-pubère dans lequel surnage le héros du début à la fin. Et encore, je n'ai vu que la version française !
Pourquoi Peralta ne fait qu'une courte figuration, pourquoi Turturro est nullissime, pourquoi la bombe latina est sublime ? Pour ce dernier point, j'ai la solution, c'est un banal remake de « Christine », tout simplement. Et j'espère sincèrement que Bay n'a pas eu la prétention de parodier le génial film de Carpenter, car il serait encore plus stupide que prévu. Cela dit, l'acteur principal, parfaite tête à claque joue vraiment bien dans son genre.