Cela fait maintenant plus de dix ans que Michael Bay vient régulièrement polluer nos étés cinématographiques, en tant que réalisateur ou producteur de grosses machines à sous censées occuper notre temps de cerveau disponible lorsque celui-ci n’est pas engourdi par le farniente. Cela n’est pas forcément désagréable et l’on peut même dire que " The island " était presqu’une réussite dans le genre.
Oui mais voilà, Bay nous revient cette fois avec un mastodonte des plus primitifs, à base de castagne de carcasses mécaniques, joyeuse destruction de décor monstrueux, affrontement du Bien et du Mal, etc. Pourquoi pas ? Tant que l’on ne nous prend pas pour des débiles profonds. Or la question se pose sérieusement dès l’introduction : deux armées de robots extra-terrestres s’entretuent pour la possession d’un cube (?) tout-puissant échoué sur notre planète depuis une centaine d’années. On ne nous explique pas grand-chose d’autre et d’ailleurs on ne tient pas trop à en savoir plus. Le film s’annonce très long...
Mais, il faut bien le reconnaître, la première heure est pourtant assez bien troussée. Grâce notamment au formidable Shia LaBeouf (un nom à coucher dehors mais un vrai talent d’acteur) qui pimente le film de son sel humoristique. Le film dessine bizarrement les contours d’une autodérision appuyée. Antimilitarisme et blagues sur le gouvernement américain apparaissent furtivement ici ou là et l’on ne peut que s’en réjouir avant de rapidement déchanter au cours de la (longue) seconde partie. Bastons interminables et inintéressantes d’un point de vue esthétique (à deux ou trois exceptions près), idioties démagos à la pelle, tentative d’humanisation ratée des robots (Kubrick l’avait réussi avec son HAL de " 2001 "), éloge du courage et de la bravoure guerrière... On ressort avec un mal de crâne tenace, abruti et lobotomisé par le bruit assourdissant des chocs et les inepties débitées avec un sérieux terrifiant.
Curieuse, la manière qu’a Bay de transformer son film en fourre-tout indigeste, qui dit tout et son contraire, afin de séduire le plus grand nombre, y compris les cinéphiles. Il y a l’opposition de ton et de discours entre la première et la deuxième partie, comme nous venons de l’évoquer, mais aussi des clins d’œil cinématographiques plus ou moins pertinents (" Armageddon ", " Kill Bill ", " E.T. " et " King Kong ") sans oublier le mélange d’acteurs issus d’univers cinématographiques différents. Ainsi on retrouve Tyrese Gibson et Josh Duhamel, outre Labeouf, John Turturro, un habitué des frères Coen (après Steve Buscemi dans " Armageddon " et " The island "), le vétéran Jon Voight (dont le dernier lifting le fait de plus en plus ressembler à sa fille Angelina Jolie) et même John Robinson, le blondinet d’ "Elephant ".
Bref les uns seront heureux de s’en prendre plein la tête, les autres s’agaceront des discours lénifiants et de la bêtise crasse de l’entreprise malgré l’"ouverture" et les efforts "rassembleurs" du réalisateur.