Excellent court métrage, l'ancêtre du clip musical en somme... Rabbit's Moon est à prendre comme un poème intemporel, de ceux qui mélangent les genres pour mieux affirmer leur personnalité. Ainsi nous voyons les figures du théâtre italien - Pierrot, Arlequin et Colombine - exécuter une danse étrange à l'attention du visage lunaire, et ce au son d'un morceau de rock très seventies. Difficile de ne pas penser aux premières secondes du Chien Andalou de Bunuel et Dali, au fameux plan du nuage pénétrant l'astre oculaire... Une nouvelle fois la musique sert admirablement les images, jusqu'à leur donner leur dimension iconoclaste. Kenneth Anger, chef de file du cinéma avant-gardiste, re-naturalise la Commedia Dell'Arte en lui conférant son caractère excessif ( dans sa durée comme dans son accompagnement musical ). Un court métrage à voir et à revoir, indispensable pour qui s'intéresse au cinéma expérimental et à l'oeuvre de Kenneth Anger. Impensable pour un réalisateur d'aujourd'hui, Rabbit's Moon vaut pourtant de l'or...
Tourné à Paris, Rabbit’s moon est un hommage au cinéma des origines de Georges Méliès, du temps où la frontière entre théâtre et septième art restait encore à définir. D’une grande poésie.