Période idéale pour les sucreries, Noël nous vaut donc cette nouvelle comédie romantique de Nancy Meyers, dont le titre pourrait être celui de son premier film, "A nous quatre". L'idée de base est dans l'air du temps, celle d'un échange de maisons par internet, et si elle justifie le montage parallèle qui ponctue tout le film, elle n'excuse pas sa longueur excessive.
Le propre de ce genre de film à l'eau de rose, c'est de répondre à un cahier des charges bien précis, et "The Holiday" n'y déroge pas : femme(s) dégoûtée(s) des hommes suite à la goujaterie de l'un d'entre eux, rencontre impromptue, même si elle est attendue par tout le monde sauf les deux (ici quatre) impétrants, et comme il faut bien légitimer le métrage, quelques obstacles et quiproquos qui viennent perturber ces idylles.
Tout cela est fort prévisible, et on ne retrouve pas ici le rythme ni une certaine causticité qui faisaient la marque de "Ce que veulent les Femmes". Alors, on s'attache à d'autres choses, et notamment le jeu des acteurs : large victoire des Anglais sur leurs cousins outre-Atlantique. Alors que Cameron Diaz en fait des tonnes et minaude à longueur de scènes, Kate Winslet réussit à rendre attachant son personnage de Bridget Jones (heureusement un peu moins empotée), et Jude Law se glisse avec élégance dans les pantoufles de Hugh Grant, véritablement craquant quand il se vante d'être "un chialeur de première", ou quand il avoue : "J'ai une vache, je couds, et le week-end, j'achète des tutus".
Nancy Meyers fait une digression dans la bluette avec le personnage d'Arthur Abbott, le vieux scénariste joué par Eli Wallach. Et cette incursion est à l'image de l'ensemble, alternant le bon, comme la soirée de hanouka avec Iris, Miles et ses vieux potes, et le bien lourdingue, comme la cérémonie d'hommage avec traveling arrière sur une salle lui faisant une standing ovation et la musique sirupeuse d'Hans Zimmer ; musique qui joue un rôle dans l'histoire, puisque Jack Black interprète un compositeur de musiques de films (lui-même a été le chanteur du groupe rock Tenacious D).
Il est dommage que la réalisatrice n'ait pas davantage développé l'idée d'illustrer certains moments de la vie sentimentale d'Amanda par une bande-annonce, idée digne de "La Vie secrète de Walter Mitty" et que Julie Lopes-Curval a su exploiter dans "Toi et Moi". C'est ce petit manque de folie qui empêche "The Holiday" de dépasser le statut de téléfilm de Noël gentillet, et d'approcher les comédies avec Irene Dunne ou Cary Grant qu'Arthur fait découvrir à Iris.
http://www.critiquesclunysiennes.com/