Quelques minutes de pur chatoiement, rideaux de lumières sublimés par la caméra de Kenneth Anger. Les images ont du grain, rien n'est explicité, tout relève de l'ordre de la sensation. Kenneth Anger nous plonge dans un univers de couleurs, de reflets et de spasmes, proposant une nouvelle fois une authentique expérience de cinéma. La musique accompagnant le court métrage est magnifique, elle lui confère l'apparence d'un clip formé de collages ou d'animations. Il est bien difficile de définir ou de catégoriser Puce Moment, comme il est difficile de l'ancrer dans un contexte historique ou une temporalité quelconque. Ce film est un précipité artistique, comme une majeure partie des créations du cinéaste... Tout reste à découvrir de l'oeuvre enthousiasmante, provocante et pénétrante de Kenneth Anger, auteur singulier triturant la matière filmique jusqu'à une radicalité proprement stimulante. Que l'on aime ou pas son cinéma ne ressemble à aucun autre, proposant formes et éclats visuels de tous les instants. Un film superbe.
Le cinéma de Anger ressort du tableau animé et s'il fallait trouver une école littéraire, picturale ou poétique à quoi le raccrocher, le symbolisme serait le plus pertinent. La garde-robe montrée voile et dévoile en même temps. La promenade finale de la vedette ressemble à celle du Cerbère, gardien des morts. Métaphore de l'occulte, film ésotérique. C'est en tout cas visuellement sublime.