Venant de Deodato, ce film (Camping del terrore ou Body Count) est forcément assez décevant, dans le sens où il reste très impersonnel, et peu original.
Coté acteurs le film est assez inégal. Il y a de solides interprètes plutôt rodés qui se débrouillent bien et donnent aux seconds rôles principalement pas mal de volume, je pense à Mimsy Farmer, Charles Napier ou encore David Hess, bien que ce-dernier soit parfois un peu cabotin. Ce n’est pas génial, mais on sent qu’ils connaissent leur boulot, et ils assurent plutôt bien. Coté des jeunes en revanche c’est couci-couça. Certains se débrouillent pas mal (je pense à l’héroïne principale par exemple), en revanche d’autres sont d’une très grande fadeur, et ne parviennent vraiment pas à accrocher. C’est toujours dommage dans ce genre de film, sachant qu’il faut quand même que l’on partage un minimum leur détresse pour se sentir concerner. De surcroit le tueur est loupé, il faut le reconnaitre, et la scène finale fera furieusement penser à Troll 2 (film d’ailleurs souvent assassiné et au fond pas si mauvais).
Le scénario est acceptable mais sans plus. L’idée de l’indien est peu exploitée, le déroulement du film est on ne peut plus classique, et réserve bien peu de surprises. La fin est moyenne, par ailleurs, et ne m’a pas complètement convaincu malgré ses rebondissements. Le souci de Body Count c’est qu’il reste sur des chemins tellement balisés, qu’à moins d’être excellent un film apparaitra toujours assez quelconque et dispensable, et c’est relativement le cas de Body Count. En revanche il est assez bien rythmé, les meurtres sont bien dispatchés, Deodato sait faire patienter le spectateur avec quelques scènes de nudité, le film n’est pas ennuyeux, d’autant qu’il est court.
La mise en scène est meilleure. Deodato prouve encore une fois que c’est un metteur en scène de qualité, capable de faire de bonnes choses avec une matière assez faible. Il y a de très bonnes choses (vue subjective, caméra tournoyante au milieu des arbres et donnant une impression de vertige, accélération vers l’avant qui donne une certaine angoisse soudaine…) et globalement Deodato parvient à transmettre par là, un peu de la personnalité manquante à l’histoire. Au niveau de la photographie Body Count revendique clairement sa double paternité américaine et italienne. Tantôt la photographie est plutôt crue et réaliste, dans une tendance Vendredi 13 assumée, tantôt c’est des éclairages vifs (la scène avec Napier et son fusil à pompe par exemple), plus rares mais sensibles tout de même. Le résultat est assez convaincant, d’autant que le film fait le choix de ne pas en surajouter dans l’obscurité. Les décors sont très bons. Surement le meilleur point du film, non seulement l’ambiance Amérique profonde est très bien restitué, mais en plus il y a quelques paysages sublimes. Coté effets horrifiques c’est moyen. Assez nombreux, ca reste sur un terrain soft et balisé sans grande surprise, et tous les effets ne sont pas égaux. Certains ne sont pas très crédibles tout de même. Enfin solide bande son signée Simonetti, qui pour le coup sonne pleinement italienne. Elle apporte un réel plus au film.
Au bout du compte Body Count reste un film moyen, qui dans la filmographie de Deodato n’est clairement pas le plus mémorable. En fait il n’a pas beaucoup de goût, et seule la mise en scène du réalisateur, tendue et précise parvient à réellement apporter du piquant à l’ensemble. Il sauve les meubles, certes, maintenant ce n’est pas suffisant pour aller au-delà e la moyenne sur ce coup, et cela, même en ajoutant des décors plutôt bons.