Les moyens métrages de Vadim et de Malle sont sans intérêt, mais celui de Fellini vaut le détour. Il s'appelle Toby Dammit. Liliana Betti (l'assistante) lui consacre un long chapitre de son Portrait (de Fellini). Pour qui a frémi pour Fellini, c'est le sommet, le top, le nec plus ultra, la quintessence... 45 mn de génie psychédélique sous amanites tue-mouche, LSD, mescaline et... whisky ! La légende veut que Fellini ait lu la très courte nouvelle d'Edgar Poe après le tournage... Il n'a conservé de l'intrigue que son final railleur et tranchant, mais il a trouvé l'essence d'Edgar Poe, sa substantifique moelle. Nino Rota signe ici pour lui, l'air de rien, l'une de ses plus envoûtantes et brillantes compositions. Eclairages, décors, plans, montage, tout contribue à faire de ce film la quintessence du style fellinien "deuxième époque". Les contraintes du moyen métrage l'ont "dégonflé" des pesanteurs et autres longueurs de Juliette des Esprits. L'obligation de faire un "Poe" a empêché le metteur en scène de partir dans le délire (ou carrément dans le décor, comme dans son pitoyable et fauché dernier opus). C'était la grande époque de Fellini à Cinecitta, des producteurs ouverts au financement de ses folies, mais aussi des hippies, de Woodstock et de toutes les orgies bourgeoises, qui sont ici surtout celles de la Very-Upper-Class pas encore tout à fait aussi méprisamment oligarchique qu'aujourd'hui : Ah ! Cette Ferrari !