En ce début dannée où nous sommes submergés de films politico cérébraux visant à dénoncer, à créer la polémique, nous arrive tout droit de la France profonde une perle cinématographique, sans prétention, mais ô combien rassérénante. A limage dune des scènes qui y est marquante, Cache Cache apparaît comme un clair de lune dans un ciel dencre. Ny cherchez aucun message spécifique, et laissez vous porter par le charme paisible de cette drôle dhistoire. Dans cette chronique tout participe à une certaine naïveté. Pour Raymond (incroyable Bernard Blancan), le temps semble sêtre arrêté, prostré dans lombre et le silence. Il supporte mal que ces gens de la ville, Bo Bo à souhait, viennent simmiscer à la campagne, pire encore chez lui. Cette dualité nous offre des scènes insolites, tantôt cocasses, le plus souvent teintées de poésie. La mise en scène joue dailleurs sur cela. La confrontation entre ces deux univers sillustre par le son ; portable, musique, réveil, imitations du coq, cris denfants, aboiements
, sont autant dagressions qui viennent troubler lisolement quasi claustral de Raymond. Il en va de même avec la lumière. La où les citadins sentourent de couleur parfois criardes, lenvironnement de Raymond est sépia, et il ne semble vouloir évoluer que dans lobscurité. Cest cette cohabitation qui donne le ton au film ainsi que son contenu jusquà une fin qui reste en suspens. On peut lui reprocher parfois son côté court métrage un peu rallongé. Mais il nempêche que Cache Cache dégage une vraie candeur et une délicatesse qui nous séduisent et nous émeuvent bien au-delà du générique de fin, aux accents daccordéon désuets.