« Cela pourrait bien être mon chef d’œuvre » dixit Brad « Aldo Raine » Pitt.
Et bien c’est aussi ce qu’aurait pu dire Quentin Tarantino à la fin du montage d’Inglorious Basterds tant il a su se renouveler, surprendre le spectateur tout en conservant sa maestria, son savoir faire, ses dialogues et sa « patte » qui font qu’un Tarantino se démarque toujours des autres films et devient une référence cinématographique.
Tous les ingrédients qui ont fait la réussite de ses précédents films sont réunis : des dialogues savoureux, un scénario bien construit, une réalisation de génie, une bande son reconnaissable entre mille qui se prête toujours à l’univers de Tarantino, de l’humour et de l’ironie savamment distillées (la scène dans la taverne ou bien encore les larmes de Goebbels valent leurs pesants d’or) et des acteurs qui prennent leurs pieds et s’en donnent à cœur joie.
Encore une fois, Tarantino aime mélanger les genres, passant du film de guerre pur au western spaghetti, se rapprochant parfois de la comédie et d’autres fois du drame et de l’émotion. Il ne respecte aucun code préétabli et s’amuse à balader le spectateur pendant 2h30 qui passent trop vite, structurant son film en chapitres qui représentent chacun une manière de faire du cinéma, un moment particulier dans le film, une façon de filmer, une émotion.
En fait, on peut voir ce film comme une déclaration d’amour au cinéma, car comme souvent dans ses œuvres, Tarantino nous bombarde de références de cinéphile, mais en plus dans ce film, il fait tourner une grande partie de son histoire autour du cinéma et du rôle qu’il a pu avoir pendant cet épisode de la guerre mais également du rôle qu’il peut avoir pendant tout au long d’une vie. A ce propos, on peut comparer cette démarche à celle d’un autre grand réalisateur, Pedro Almodovar, qui m’avait donné le même ressenti dans son dernier film où il rendait également hommage à sa façon au 7ème art.
A coté du maitre, il faut également reconnaitre que les acteurs ont été parfaitement choisis et apportent encore de l’ampleur et de la qualité à ce film : Brad Pitt est comme toujours extraordinaire et son rôle est jubilatoire (encore plus hilarant que dans Snatch), la performance de Christoph Waltz est tout simplement magistrale, il joue réellement très bien et mérite amplement la récompense qu’il a eu à Cannes. Enfin Mélanie Laurent est toujours aussi belle et joue très juste un rôle loin d’être évident. Je ne parle même pas des autres "basterds", volontairement caricaturaux, mais tous très bons et drôles dans leurs particularismes.
Bref, un nouveau chef d’œuvre du maitre Tarantino, une fois de plus un petit bijou à savourer sans déplaisir. Jouissif à souhait, n’hésitez pas à vous enfermer 2h30 dans une salle de ciné par cette canicule, vous n’en serez pas déçu.
Auteur du livre "Guide de Survie du Cinéphile Amateur" (sortie janvier 2019)